you ?  here?

Travailler dans la police ne se résumait pas uniquement à être constamment en mouvement. Même si Londres comptait un nombre important de criminels, il arrivait parfois que les agents se retrouvent cloués derrière leur bureau, que ce soit pour résoudre une enquête ou simplement pour compléter certains papiers ou rapports à remettre à leur supérieur. Ophélia détestait ça et pourtant, elle s'y collait à la tâche lorsqu'il fallait, mais par contre, elle le faisait toujours avec une tasse de café à proximité.

Ce jour-là, elle se sentait peu motivée à rédiger son rapport sur une affaire qui lui donnait déjà bien du fil à retordre. Elle fut soulagée lorsque son attention fut détournée par une intervention sur laquelle elle devait se rendre. C'était une échappatoire bienvenue, lui évitant de se tirer les cheveux encore et encore derrière ses papiers, qui étaient probablement son pire ennemi au travail (après les pannes de machine à café).

Son intervention n'avait pas duré aussi longtemps qu'Ophélia l'aurait souhaité. Une heure seulement après son départ, elle passait déjà la porte de son lieu de travail. Après s'être servi un café à la machine qui, pour une fois, n'était pas en panne, elle s'apprêtait à retourner à son bureau quand la secrétaire vint lui dire Miller, y a quelqu'un qui te demande.  Ophélia fut surprise mais ravie, prête à remercier du fond du cœur cette personne qui la demandait, lui évitant une fois de plus des heures d'ennui à écrire alors que ce n'était pas son truc.

Sa tasse de café à la main, elle se rendit à l'accueil pour voir qui la demandait. Une personne qu'elle avait aidée en intervention ? Ce ne serait pas la première fois. Mais non, cette tête qui l'attendait était une tête qu'elle reconnaîtrait entre mille, une tête qu'elle avait vue grandir, une tête qui avait aussi disparu sans donner de véritable signe de vie. Cette tête, c'était sa fille, Jezabel. Elle l'avait reconnue de loin et, après avoir soupiré doucement, elle s'approcha alors que sa fille arrivait dans son dos. Tu t'es perdue ? Ou bien tu as enfin retrouver le chemin de la maison...? Avait-elle dit une fois à proximité de son enfant, croisant alors les bras contre sa poitrine.

Jezabel était passé à la maison familiale où elle avait trouvé Alexis, mais pas leur mère. Alors elle avait deviné, rapidement, qu'elle se trouvait au poste. C'est pour cette raison qu'elle y alla. Stressée, plus que jamais, elle se demandait si tout allait bien se passer. Après tout, c'était sa mère. Elle avait toujours été plus ou moins proche de sa mère. On dit souvent qu'une mère peut tout pardonner à sa fille. Mais est-ce qu'elle peut lui parler de l'avoir laissé sans vraies nouvelles à part des petits : "Je suis en vie" de temps en temps ?
Elle arriva donc au poste et demanda à voir sa mère. Celle-ci ne l'accueillit pas avec le plus grand sourire du monde, mais Jez s'attendait à un accueil encore plus froid que cela. Oh, elle n'avait pas une mauvaise image de sa mère. Seulement, elle se mettait à sa place et s'imaginait que ce n'était pas agréable pour elle.
"En fait je suis allée à la maison...et tu n'y étais pas...Alors...". Elle lui sourie légèrement, face à elle, et lui demanda quelque chose : "Je peux te prendre dans mes bras ? Et t'inviter à boire un truc ? Ou même à manger ? Je peux pas...je peux pas tout t'expliquer, mais je peux essayer de te rassurer...". C'était encore trop dur et qu'est-ce qu'elle était bornée à vouloir ne dire à personne qu'elle avait eu un bébé. Sérieusement, pourquoi ? Elle-même n'arrivait pas à mettre des mots dessus.

@Ophelia Miller

Pour le coup, c'était la douche froide pour Ophélia, même glaciale pour être honnête. Elle ne s'y attendait pas : devoir faire face à sa fille Jezabel, du moins... Elle espérait la revoir, mais aujourd'hui, elle n'y était pas préparée et avait été prise de court. Bien entendu, elle était contente de la voir, parce qu'elle avait toujours aimé avoir ses enfants auprès d'elle. Même si elle n'était pas très démonstrative, elle était complètement gaga de ses enfants, et parfois elle voulait un peu trop les protéger. En l'écoutant, Ophélia s'était dit que, au moins, elle était passée à la maison. Elle devait donc se souvenir du chemin. La mère de famille la regardait, l'écoutant lui demander si elle pouvait la prendre dans ses bras. Bien entendu, elle ne pouvait pas refuser une telle offre. Elle l'entourait de ses bras, la serrant contre elle, comme elle l'avait fait des centaines de fois dans sa vie.

Après un moment d'étreinte, elle s'en détachait pour réagir à la suite de sa demande, regardant l'heure sur son portable. « Si tu souhaites, on peut prendre un truc à boire ou aller manger quelque chose », disait-elle en glissant son smartphone dans la poche arrière de son jeans. « C'est assez cruel de dire que tu ne peux pas vraiment m'expliquer... Mais bon, on va dire que je le tolère, parce que je ne suis pas cruelle. Mais je dois avouer que j'aurais aimé savoir et aussi comprendre ce départ », disait-elle en la regardant.

Jez ne savait pas trop quoi dire. Elle voyait très bien que sa mère lui en voulait. Mais elle n'osait pas lui dire pour le bébé. Peut-être qu'elle devrait lui dire quelque chose. Un mensonge ? La vérité ? Bonne question. Que pouvait-elle bien dire à sa mère qui, en effet, n'était pas cruelle ? Elle la regarda et lui proposa d'aller boire un café. Quelque chose dont elle s'était privée tout le long de sa grossesse et qu'elle n'avait pas encore eu le bonheur de regoûter depuis.
Lorsqu'elles arrivèrent, un peu plus tard, dans un café, Jezabel commanda, paya pour sa mère et alla s'asseoir avant de sentir son café. Cela pouvait peut-être être un peu bizarre, mais l'odeur était tellement bonne. Même si le café ne valait pas le thé. En tout cas. Prenant une gorgée de son café, elle se détendit directement. Puis, regardant sa mère, elle avoua finalement, ne pouvant lui cacher plus longtemps : "Je suis tombée enceinte...lors d'une soirée trop alcoolisée...j'ai eu...j'ai eu tellement honte que je suis partie...". Bien sûr, elle ne disait pas qu'elle avait mené la grossesse à son terme et qu'elle avait fait adopter le bébé. Du moins pas pour le moment. C'était encore compliqué de mettre le fameux mot commençant par "ab" et finissant par "né" sur ce qu'elle avait fait. "J'ai...hum...j'ai eu honte parce que tu sais que je voulais une grande famille. Comme toi et papa. Pas a une soirée débile où j'ai trop bu...". Et là, elle se trouva horrible de dire ça. Le bébé, en soit, n'était pas la plus grosse erreur de sa vie, ni la plus grosse honte qu'elle n'ait jamais eu, mais c'est ce que l'on pouvait croire. "Je suis horrible..." dit-elle en reposant le café sur la table et en baissant les yeux. "Je suis désolée de te l'avoir caché. A la base je voulais ne jamais le dire, mais tu avais le droit de savoir..Je n'aime pas être cruelle et je l'ai été...".

@"Ophelie Miller"

Tombée enceinte lors d'une soirée trop alcoolisée ? Cela arrivait, et pourtant, Ophélia ne trouvait pas ça honteux. La fuite, ça, c'était honteux, tout comme un père qui n'assume pas. Ça, elle le trouvait personnellement honteux. Mais là, il s'agissait de sa fille, de son enfant, et à part développer une envie précieuse de la protéger et de l'aider, elle ne pouvait pas lui en vouloir. La seule chose qu'elle lui reprochait, c'était d'être partie sans rien dire. Tu connais le père ? Enfin je veux dire qui c'est ? Et est-ce qu'il sait qu'il à un bébé ? Tu lui en a parlé ? Parce que c'est important... Ophélia espérait que sa fille ait prit le temps de prévenir cet homme avant son départ, ce serait moins difficile à digérer qu'un retour avec un bébé tout en lui avouant : tu es papa, félicitations !

il ne faut pas avoir honte, ça arrive. Ce n'est pas arrivé comme tu l'imaginais et pourtant...Ce bébé est là et il n'a rien demandé. Tu aurais du m'en parler avant de partir, on aurait eut l'occasion d'en parler et de trouver des solutions...Mais bon, nous ne pouvons malheureusement pas changer le passé alors, nous allons aller de l'avant avec ce que nous avons. Disait-elle en la regardant, ophélia parlait avec bienveillance, il n'était pas utile de s'énerver et de crier, cela ne mènerait très certainement à rien. D'autant plus que Jezabel culpabilisait déjà assez. C'est pas grave, ça arrive malheureusement. Je ne t'enveux pas, je comprends mieux ton départ. Elle la regardait, la tirant vers elle d'une main pour lui offrir une étreinte, la serrant doucement contre elle pour la réconforter et la rassurer. On va essayer d'arranger les choses.Je te le promet.