Quelques mois maintenant que tu étais sorti de l’enfer. Quelques mois qui t’ont semblé être quelques semaines, tant les choses ont passé le temps à changer, encore et encore et encore. Tu ne vas certainement pas t’en plaindre. Pour être honnête, t’es même soulagé. Parce qu’en faisant la rétrospective des six derniers mois, t’avais quand même… trouvé un appart, un emploi -bon, clairement pas celui de tes rêves, mais ça payait les factures en attendant mieux, découvert l’art du graffiti, et par dessus tout, retrouvé ta meilleure amie. Et ça, ça n’avait pas de prix. Ton appart ? C’était récent. Jusqu’ici, tu vivais à l’hôtel. Quel putain d’enfer !

Dès que t’avais été installé, t’avais appelé Ella, aussi excité qu’un gamin, mais tu ne lui avais pas dit pourquoi : ça devait rester une surprise. Officiellement, donc, tu lui avais expliqué vouloir aller au marché de Noël pour un moment de patinage artistique elle et toi. Enfin. Artistique ? Tu ne sais pas trop. T’as jamais foutu le pied sur un patin, mais tu sais déjà que le moment va être d’anthologie. Un massacre grandiose à l’issue duquel tu te seras potentiellement pété la jambe. worth it. t’es prêt à prendre le risque, pour un moment passé avec Ella. Impatient, tu l’attends au milieu du marché. T’as pris un chocolat chaud pour l’attendre, et observes les enfants vivre leur meilleure vie et jouer à traptrap sur la glace. Vu d’ici, ça a l’air tellement facile ! Tu restes admiratif, jusqu’à ce que ton regard soit accroché par une silhouette dont tu t’approches : t’aurais pu la reconnaître à des milliers de kilomètres « Ellaaaaa ! J’suis trop content de te voir ! » tu la prends dans tes bras et lui adresses un sourire « tu veux faire un tour de marché, d’abord, ou… passer directement aux choses sérieuses ? » que tu lui demandes d’un air machiavélique, tandis que ton regard se détourne vers la patinoire. Finalement, ça n’a pas l’air si terrible… « tu veux un chocolat ? » que tu demandes sans aucune transition, réalisant que t’es le seul à être servi : gentleman ? Pas vraiment dans tes qualités, apparemment. On dira que c’est la joie de vous retrouver !

Quelle horrible période, respirer l'air festif des fêtes de fin d'année. Cela faisait un moment maintenant qu'Ella n'y prenait plus goût, sa famille ? Ils étaient tous dérangés, sauf Olive, c'était la seule qui semblait avoir les pieds sur terre et heureusement que quelqu'un semblait être droit dans ses bottes, même si Ella l'avait toujours quelque part plainte de devoir porter le poids d'une famille aussi givrée que celle des Clarke. Mais bon... Heureusement que Sam était de retour depuis quelques temps, parce qu'elle se posait sincèrement des questions sur son état mental s'il n'était pas revenu, elle aurait peut-être fini dingue, qui sait ?

Sam était la raison même pour laquelle Ella était de sortie, elle allait le retrouver, ravie de pouvoir échanger un moment en sa compagnie, elle ne pouvait pas vraiment expliquer comment ou même pourquoi, mais... Il était différent, avec lui, le temps passait trop vite et un simple jeu de mots bien placé pouvait la faire rire pendant de longues minutes. Au téléphone, il avait l'air content, ou excité comme les gamins à qui on dit : Fais ta valise, on part pour Disneyland, sauf qu'Ella était certaine : ils n'iraient pas à Disney. Bien que curieuse de savoir ce qui le rendait aussi optimiste, elle s'était résolue à l'idée qu'il lui partagerait la nouvelle s'il souhaitait le faire et que ne rien savoir ne l'empêcherait pas de dormir.

Lorsqu'elle fut à quelques mètres de l'homme qu'elle venait rejoindre, un sourire s'était dessiné sur son visage lorsqu'il s'approchait d'elle et la prenait dans ses bras. Une étreinte qu'elle rendait, Sam était le seul qu'elle arrivait à prendre dans ses bras sans se sentir mal à l'aise, encore une chose inexpliquable pour elle. Je suis contente de te voir aussi, Sam ! avait-elle dit, souriante en le détaillant du regard. Bon sang, il ressemblait physiquement à ce genre de gars à qui elle aurait foutu des claques au lycée tellement il l'ennuyait, mais Sam était différent d'un emmerdeur de service, elle le connaissait et connaissait la valeur de son cœur. Si je peux repousser le moment où je me retrouverai très certainement au sol... Alors je dirais que j'aimerais faire un tour de marché en premier, disait-elle en riant un peu en le regardant. Va pour un chocolat ! Elle aimait le chocolat chaud autant qu'elle aimait le thé et le café, elle n'était pas très difficile. Marchant aux côtés de son ami, elle lui donnait un léger coup de coude sur le bras. Qu'est-ce qui te rend aussi enthousiaste ? J'ai l'impression de voir un enfant qui part pour Disney.

Il y a bien longtemps que tu ne prêtes plus attention aux fêtes de fin d’année. Ça n’a pas toujours été comme ça. En fait, Il y a de cela huit ans, tu adorais ça. Tu préparais tout, de A à Z, impatient comme jamais. Les petits gâteaux, la musique, le chocolat chaud, même les séries à la con que tu pouvais voir à la télé et que d’aucuns auraient pu qualifier d’affligeantes, tout te plaisait. La cannelle. Le mythique baiser sous le gui, bien que tu n’aies personne à embrasser. La sensation d’être là où tu dois être. En fait, jusqu’à il y a moins de dix ans, Noël représentait pour toi le parfait exemple stéréotypé de la vie de famille. On y croit pour quelques heures, quelques jours, tout au plus. C’est con, mais ça te suffisait, comme bulle d’oxygène. Jusqu’au point de non retour. Tu ne pardonnerais jamais ton frère, c’est certain. D’ailleurs, tu n’as plus eu de nouvelles, depuis le jugement. Pas une visite en sept ans. T’es amer, mais c’est ainsi. Tu fêtais pas Noël entre quatre murs, tu le fêteras pas plus en famille une fois libre. Pourtant, tu pourrais. Mais tu ne le feras pas : pour tes premières fêtes dehors, tu veux prendre soin de toi, faire des choses qui te font plaisir. Et pour ça, y’a qu’une chose qui te vient en tête : voir Ella. C’est l’évidence même.

Etreinte suffisante à te rebooster, ton sourire toujours aussi large, jusqu’aux yeux, se transforma en un léger rire « étrangement, c’est plutôt moi, que j’imaginais parterre. Mais… let’s go pour le chocolat. Ça me va ! » que t’as lancé, enthousiaste comme pas deux. T’as commencé ta route, t’engouffrant au hasard dans l’une des allée du marché de Noël. Comme tu pouvais t’y attendre il y a du monde. C’en est presque difficile de se frayer un chemin et s’approcher des étals. Ta main se pose sur le bras d’Ella, déjà autour du tien, comme pour t’assurer de ne pas la perdre. Et tu finis par t’approcher du stand « moi ? Enthousiaste ? Je ne vois pas DU TOUT de quoi vous parlez, miss Clarke ! » que tu lances, moqueur, avant de poursuivre « disons qu’il se pourrait… que je ne vive définitivement plus à l’hôtel ? J’ai enfin trouvé un appart, faut absolument que tu voies ça !! » Tu n’as pas mis longtemps à vendre la mèche. Mais avec Ella, t’es comme un gosse. Lui cacher quelque chose reste impossible. « mais ceci dit… fais tes valises, on part pour Disneyworld quand tu veux ! » que tu lances, moqueur, arrivant enfin à te coller au stand de chocolats chaud : jouer des coudes, tel est le secret.

C'était quand même étrange pour Ella d'être engouffrée dans ce marché de Noël, si on comptait, il y avait plus de monde devant un seul stand que de personnes qu'elle s'autorisait à voir par mois. Elle préférait nettement rester chez elle, surtout en période de fête, mais il y avait une exception, une seule : Samaël. Elle accepterait de monter en haut d'une grande roue pour lui, même si elle a une peur monstrueuse du vide. Elle avait perdu trop de temps, ils avaient été bien trop longtemps loin de l'autre qu'elle ne pouvait pas refuser même de passer dix minutes en sa compagnie. Accrochée à son bras, la jeune femme le suivait d'assez près que pour ne pas s'égarer.

Lorsqu'il lui annonçait la nouvelle, elle ne pouvait s'empêcher de sourire, ravie, même très ravie pour lui. Il allait enfin pouvoir reprendre sa vie normalement, s'établir pour de vrai sans devoir être restreint à vivre dans un hôtel.Sérieux ? Naan... C'est trop bien ! Je suis super contente pour toi, tu vas enfin être tranquille. Mais... Dis-moi, j'espère que tu n'as pas pris un appart à l'autre bout de Londres, loin de moi. Sinon, qui viendra me porter secours le soir quand une araignée sortira de nulle part ? Avait-elle dit en riant un peu, espérant aussi quelque part qu'il soit encore assez proche que pour se voir régulièrement sans devoir parcourir de longues minutes de route. Peut-être Sam avait-il pensé à ne pas s'éloigner ?

Elle hochait la tête en l'écoutant, lui adressant un sourire lorsqu'il lui disait de faire ses valises. Ne me chauffe pas, sinon je rentre faire mes valises ! ... Je plaisante, on sait tous que je n'aime pas le vide, alors à part faire cette horrible maison de poupée avec cette musique qui te reste en tête toute la journée, on ne risque pas de faire grand-chose d'autre. Disait-elle en souriant, attendant alors leur tour pour pouvoir commander leurs chocolats chauds.

Tu t’attendais pas à la remarque d’Ella. Pourtant… Pourtant étrangement, elle ne te surprend même pas. Tu réprimes un rire « nan. Justement… c’est drôle que t’en parles : j’suis ton voisin du dessous ! » moqueur, tu lui adresses un clin d’oeil, avant de reprendre « même au bout du monde, tu sais très bien que je débarquerais, si tu m’appelais. » surtout pour une araignée, ça va de soi ! Ironie, douce ironie… tu lui tires la langue, avant de conclure « plus sérieusement, j’suis dans le même quartier que toi. A moins de cinq minutes à pieds ! Tu sais ce que ça veut dire, pas vrai ? » tu lui adresses un clin d’oeil : oui, bien évidemment, elle sait très certainement ce que ça signifie : beaucoup d’apéros et de soirées cochonneries/films en tous genres. Tu ris légèrement : chance inespérée s’il en est, t’avais clairement pas prévu de t’établir dans son quartier… mais tu ne vas pas t’en plaindre, non plus. Tu l’écoutes et éclates de rire, avant de réaliser que… « noooon ! Rien que d’en parler, j’ai déjà la chanson dans la tête, c’est une malédiction, cette saloperie ! » que tu dis en te bouchant les oreilles, moqueur. Tu ricanes, et récupères finalement vos deux chocolats chauds dans un immense sourire quelques instants après les avoir commandés… et tu ajoutes une poche de churros : on va quand même pas se laisser abattre ! Tu lui adresses un clin d’oeil et attrapes la suite de ta commande « y’a un autre stand, qui te fait de l’oeil B-Ella ? » jeu de mots de l’année, tu vas bientôt finir humoriste !

Pendant quelques instants, Ella avait bien failli croire à l'idée qu'il emménage en dessous, et puis, elle s'était souvenue que son voisin n'avait pas déménagé. À moins qu'il n'emménageait avec... Non, c'était trop beau pour être vrai. Ses mots le confirmaient, et quelque part, elle se rassurait dans l'idée qu'il ne soit pas trop loin d'elle. La présence de Sam ainsi que son amitié avaient beaucoup trop de valeur aux yeux d'Ella pour imaginer une seconde qu'il parte assez loin pour l'oublier. La prison les avait déjà trop longtemps maintenus à distance. Tu as de la chance de ne pas être loin, sinon j'aurais moi aussi déménager pour venir près de toi. Elle l'aurait probablement fait, ou pas ? Mais pour Sam, elle en aurait eut l'ambition en toout cas. J'allais pas survivre sans nos soirées à manger tout et n'importe quoi, a regarder la télé ou simplement se poser et discuter. Ces moments vallaient de l'or et étaient sincèrements précieux pour elle, Ella n'avait pas énormément d'amis elle pouvait les compter sur les doigts d'une seule main. Alors, elle chérissait chacun de ses amis. Ella riait, Sam avait raison concernant cette chanson, elle était ignoble, vraiment. Au moins, ça marque les esprits, on ne peut pas le nier ça. Je serais ravie de changer la musique de ton réveil pour mettre celle là tiens. Elle attrapait le chocolat que Sam lui avait prit, quel homme ! Elle le regardait l'écoutant lui demander si elle souhaitait aller voir un autre stand, elle regardait alors autour d'eux. Et bien aller au stand de confiserie Sam-semble être une bonne idée. Je dois refaire le stock, on en a vidé par mal. Nul ce jeu de mots, très sincèrement, elle n'avait pas trouvé mieux... Oups?

Il n’y avait qu’à voir le regard d’Ella pour comprendre que la nouvelle la ravissait autant qu’à toi. Tu n’en attendais pas moins d’elle. En fait, vous avez toujours fonctionné de la sorte, fusionnels comme pas permis. Traversant souvent les mêmes émotions ou du moins s’en approchant suffisamment pour que sa hype concernant ton emménagement ne soit définitivement pas une surprise. ça t’arrache un léger rire, tu lui adresses un clin d'œil et hausse les épaules. “C’est long à expliquer. Ta voisine du dessus est toujours là, mais l’appart en face, lui…est apparemment vide depuis suffisamment longtemps pour qu’on me le propose.” vide depuis suffisamment de temps pour sentir le renfermé et avoir besoin d’un bon rafraîchissement. Il est d’ailleurs là, le deal. Un loyer pour une bouchée de pain contre la réfection de l’appart… à ton goût, du moment que c’est passe-partout. T’es tombé sur l’offre de rêve.T’en demandais pas tant. En fait, juste le fait d’habiter au-dessus de chez Ella te suffisait, de base. Tu lui adresse un sourire ” j’allais pas survivre moi non plus sans ça, il fallait bien que quelqu’un trouve une solution !” tu lui offres un clin d’oeil et grimace “d’ailleurs… je me demandais si… ça te dirait un atelier déco/peinture/décollage de papier peint ?” l’offre du proprio n’est définitivement pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Tu rêves de couleur et de personalisation depuis ce que tu as vécu. Pas mieux, la chambre d'hôtel impersonnelle. M’enfin au moins, elle n’était pas couleur béton, c’était déjà ça de pris. A sa remarque, tu éclates de rire “ah non ! tu laisses mon réveil tranquille: je vais avoir cette horreur dans la tête après !” tu ricanes, moqueur et lui adresse un clin d’oeil avant d’arquer un sourcil ”si tu me prends par les sentiments… on attend quoi, pour les faire,ces stocks ?” tu ricanes, récupères vos gobelets, lui tends les churros et l’embarques sans attendre vers le stand en question “lezgooo vers le diabète !” que tu lances, mort de rire