Théa n'était pas la plus ancienne de Londres et ayant eut l'esprit assez occupé par ses tourments personnels, elle n'avait pas réellement pris le temps de découvrir la ville dans laquelle elle s'était installée. Londres était signe de départ, de renouveau pour Théa qui avait commencé à travailler dans une agence immobilière, ça l'avait rassuré, parce que ça lui donnait espoir sur ses perspectives d'avenir et sur les factures qu'elle souhaitait payer petit à petit. Il y a quelques jours, elle avait envoyé un message à son frère Raphaël pour lui proposer de venir passer du temps avec elle et pourquoi pas manger un bout. Salut Raph', c'est Théa, ça te dirait de venir visiter Lambeth avec moi et de manger quelque chose ensemble ?

Elle n'avait pas beaucoup vu son frère depuis son arrivée ici, en réalité une confiance ne se réparait pas en quelques semaines, malheureusement. Elle aimait son frère, sincèrement, mais Théa lui en voulait beaucoup de son départ, mais ça n'empêchait pas qu'elle aimait son frère de tout son coeur et souhaitait qu'il fasse partie de sa vie, mais il fallait qu'ils se redécouvrent et se reconstruisent, mais bien sur que ça prendrait du temps et Théa, elle était prête à faire des efforts et tout mettre en oeuvre.

Sortant du métro, elle suivait son GPS sur son téléphone pour suivre le point de rendez-vous qu'elle et son frère s'étaient donnés. Ne connaissant pas le coin, elle arrivait un peu en retard, retrouvant son frère parmi les gens qui marchaient dans les rues de Lambeth, elle souriait en s'approchant. Salut Raph'. Désolé, je ne connais pas du tout le coin. Tu vas bien ? Demandait-elle en venant lui faire la bise, si elle était encore déçue et en colère contre son départ, elle faisait des efforts pour passer au-dessus et faire en sorte que tout ce passe bien.

Depuis que t’avais retrouvé ta sœur, t’étais bien résolu à ne plus jamais la laisser filer. T’avais été lâche une fois, mais tu ne le serais pas deux. Bien certain de vouloir rattraper le temps perdu, t’avais donc directement accepté de passer ce moment qu’elle te proposait ensemble « Lambeth ? J’comptais te proposer un tour à Sea life, justement ! Ça te tente ? Dans tous les cas, j’suis chaud ! On se rejoint en fin de matinée ? » Ni une ni deux, tu avais filé te préparer et t’avais pris le métro, bien content de n’avoir rien prévu aujourd’hui et de pouvoir passer cette journée avec ta sœur. Comme à ton habitude, t’attrapais tes clopes, ton sac à dos, ton skate et ton casque et tu filais, laissant un mot à Rose sur la table de la cuisine, habitude fraîche mais qui te tenait à coeur depuis qu’elle était revenue à la maison. T’avais du mal à en partir. Parce que t’avais toujours peur qu’en revenant, Rose ait décidé de repartir. Pas que tu n’aies pas confiance, mais on ne se refaisait pas, en tant que bon anxieux. Tu te raisonnais comme tu pouvais, mais parfois, la peur était plus forte. Pas aujourd’hui : tu comptais bien profiter d’un de ces moments rares et précieux avec Théa. Tu avais sauté sur ton skate, pris le métro, et quelques arrêts plus tard, t’étais assis sur le garde corps du Westminster bridge, émerveillé par la vue qui s’offrait à toi. Devant toi : le London Eye qui n’avait de cesse de tourner. Tu te dis qu’un jour, il faudrait que t’y emmènes Rose : il paraît que c’est la destination parfaite, pour un rencard ; mais tu n’es pas certain que c’est ce qu’elle veut. Tu fronces les sourcils, et tournes la tête, ébloui par la beauté de Big Ben que tu vois de loin. Il faudrait que tu y ailles, avec ta sœur tout à l’heure, vous êtes à moins de dix minutes à pied. T’es justement sorti de tes calculs par une voix familière. Tu exales la fumée de ta cigarette et descends de ton perchoir, tes pieds touchant de nouveau le sol quand t’y sautes à pieds joints « Théa ! T’inquiètes, je rêvassais. Je vais bien, comme tu vois… et toi ? Tout roule ? Tu veux aller où ? »

Théa retrouva son frère avec un mélange d'excitation et de soulagement. Personne ne pouvait lui montrer Londres comme lui, le ferait. Et, elle était impatiente de partager ce moment privilégié avec lui. Ce moment serait l'occasion parfaite de resserrer les liens qui s'étaient distendus au fil des années. Lorsqu'il lui posa la question fatidique sur son état, Théa se contenta d'un léger haussement d'épaules. Comment aurait-elle pu expliquer ce sentiment d'égarement, alors même que son fiancé ne la reconnaissait plus ? Les mots semblaient impuissants à décrire la complexité de sa situation. C'était une épreuve difficile à surmonter, cela ne faisait aucun doute, mais elle gardait la tête aussi haute que possible. Les jours défilent, un après l'autre, et je m'efforce de garder la tête haute Pour ne pas dire : jPresque chaque jour, j'ai envie de pleurer et j'ai l'impression d'avoir chuté de quinze étages.  Elle marquait un moment de réflexion, regardant autour d'elle, se trouvant dans des rues qu'elle n'avait pas encore prit le temps d'explorer. Je... Je ne connais pas très bien les lieux, alors je t'avoue que je ne sais pas trop par où commencer. Est-ce que tu pourrais me montrer des endroits sympas ? Demandait-elle en le regardant, lui adressant un maigre sourire. Et puis, tu pourrais me parler un peu de ta vie à Londres, et de tout ce que tu as accompli depuis ton départ.Disait-elle en essayant de briser un peu ce truc installé entre eux, cette barrière qui autrefois avant son départ n'existait pas. Au début, elle était venue avec la ferme intention de lui remonter les bretelles. Cependant, au fil des jours, elle se surprenait à envisager que, peut-être, avec le temps, tout cela pourrait s'apaiser. Qui sait, peut-être parviendraient-ils à rétablir ce lien fraternel qui leur était si cher.

T’avais hâte de retrouver ta sœur, lui montrer la ville dans laquelle tu avais réussi peu à peu à te reconstruire et créer cette nouvelle vie que maintenant, tu adorais. Pas une ombre au tableau, du moins presque ; tout n’était pas parfait mais tu pouvais au moins dire que tu avais sorti la tête hors de l’eau. Non négligeable, lorsque l’on sait ce qui t’avait poussé à poser tes valises ici. Parfois, tu te demandes si tes amis auraient aimé, vivre ici. Bien évidemment que oui : Londres était une ville tellement vivante et hétéroclite, comment ne pas s’y plaire ? « Celui qui est lassé de Londres, l'est de la vie, car Londres a tout ce que la vie peut offrir. », a dit Samuel Johnson. Citation peut-être mièvre et chauvine pour celui qui a pu la prononcer mais pourtant, elle a une résonance toute particulière pour toi qui as trouvé un nouveau souffle dans ses rues. Sourire aux lèvres, t’as pris ta sœur dans tes bras. Depuis son retour dans ta vie, tu te sentais véritablement entier, pour la première fois depuis des années. Tout n’était pas comme avant, t’étais même pas sûr qu’un jour vos relations puissent revenir comme ce qu’elles étaient. Mais t’étais déjà heureux de ce que vous aviez : t’apprenais à te contenter de peu. Tu lui avais demandé comment elle allait, marchant sur des œufs, et grimaçais à sa réponse, ta main venant instinctivement se coller dans son dos « hey… si t’as besoin de quoique ce soit, tu sais que je suis là, Théa. Toujours. Je sais que c’est pas vraiment ce que j’ai pu montrer les dernières années, mais tu peux compter sur moi. » tu baisses le regard et finis par avouer « tu pourras jamais m’empêcher de m’inquiéter pour ma petite sœur. C’est dans ma nature de flipper. Et plus j’aime, plus je flippe. » tu ricanes légèrement et lui adresses un clin d’oeil et, plus sérieux, tu hochais la tête « bien évidemment ! Pas très loin, tu as… l’aquarium, des bars – beaucoup de bars ; Westminster, Big Ben… oh : et le point positif, c’est qu’on peut la visiter, maintenant que nous sommes citoyens ici. » tu lui adresses un clin d’oeil, continues de réfléchir et poursuis « y’a le London Eye, aussi ! C’est un peu le truc de touriste, mais… faut avouer que la vue est magnifique, de là-haut. On peut commencer par là, si tu veux ? » tu te redresses et attaches ton skate à ton sac à dos que tu enfiles. « Ma vie à Londres ? Waw, euh... » Tu hésites, un peu gêné. Tu ne sais même pas ce que tu pourrais lui dire : entre attaques de panique, dépression et alcoolisme, le tableau était plus celui d’un loser que celui d’un grand frère accompli. Tu hausses les épaules « y’a… pas grand-chose à dire, tu sais ? Enfin, je veux dire… je ne saurais même pas par où commencer. Tu … qu’est ce que tu veux savoir exactement ? » que tu lui demandes, un peu gêné et totalement désarçonné : t’avais pas prévu d’inquiéter ta sœur plus que ce que tu ne l’avais déjà fait ces dernières années, mais en même temps, elle avait le droit de savoir, non ? Complètement bloqué dans cet espèce de paradoxe, tu grimaces et lances « viens on parle en chemin ! En route mauvaise troupe ! Et puis… tu sais que tu n’y couperas pas toi non plus, n’est ce pas ? J’te raconte, tu me raconte. Je veux tout savoir ! »

Lorsque Raphaël lui exprimait sa présence, Théa esquissait un sourire, teinté d'une certaine feinte en souvenir des années passées loin de lui, sans oublier les mois récents empreints de chaos qui semblaient transformer sa vie en un perpétuel parcours semé d'embûches, sans perspective apparente de dénouement heureux. C'est aimable... Il serait malhonnête de prétendre que ça ne me touche pas d'entendre cela... Ces mots, cette voix qu'elle n'avait plus entendue depuis des années, une voix qui, pourtant, dans son enfance, l'avait tant réconfortée, consolée, et comblée de bonheur. Une voix qui avait disparu du jour au lendemain, laissant une jeune Théa plongée dans la douleur, la tristesse, le malaise, et un vide incompréhensible pour tant de personnes. Tout va bien, ne t'en fais pas. La roue fini toujours par tourner après tout.

Théa écoutait attentivement, se retenant difficilement de grimacer à chaque mention d'activités payantes. Elle redoutait un peu l'idée d'avoir à sortir son portefeuille et de constater qu'il était désespérément vide, sa carte ne contenant que le strict nécessaire pour se nourrir. Peut-être pourrions-nous envisager quelque chose de gratuit ? lâcha-t-elle sans même réaliser ce qu'elle venait de dire, son sourire s'effaçant dès qu'elle comprit. Pardon, je m'exprime peut-être un peu... crûment. Mais... avec les frais médicaux de mon fiancé et la faillite de mon agence immobilière en France, j'ai accumulé pas mal de dettes et... je ne peux tout simplement pas me le permettre, enfin... Tu comprends. avoua-t-elle, visiblement gênée, pour ne pas dire : je suis complètement à sec. Elle cherchait les mots justes pour décrire sa situation délicate.

Théa était présente dans le but de renouer avec Raphaël, de réunir les fragments qui avaient été autrefois déchirés par son absence. Elle écoutait attentivement pour en apprendre davantage sur sa vie à Londres. Tout savoir. Du moins, tout ce que tu es prêt à me partager. Comment te sens-tu ici ? Y a-t-il quelqu'un dans ta vie ? As-tu vécu des expériences captivantes, ou au contraire, des moments moins agréables qui ont marqué ton parcours ? interrogea-t-elle, le regardant, un peu perplexed face à sa réaction, bien qu'elle acquiesça d'un léger hochement de tête. Bien sûr, je te conterai tout, ne t'en fais pas. Mais avant cela, je veux tout entendre.

Te tenir devant ta sœur te fait toujours la même impression. Celle de perdre le souffle, sauter dans le vide pour mieux t’envoler, comme dans ces rêves idiots qu’on peut faire lorsqu’on est enfant. Pour elle, tu pourrais décrocher la lune, faire les trucs les plus insensés. Si bien que t’as mille idées en tête, tu ne réalises pas qu’elles pourraient ne pas lui convenir. « oh euh… oui, bien sûr ! Tout ce que tu veux ! » t’es tu contenté de lui répondre. Et tu secoues la tête. Tu connais pourtant sa situation. T’aimerais tellement l’aider, tu ne sais pas comment t’y prendre au mieux . Ta main se pose sur son épaule qu’elle serre doucement et tu lâches, d’une voix à peine perceptible « hey. Hey ! Tout va bien. Ne t’en fais pas. Comment… comment est-ce que ça se passe, tout ça ? Comment va ton fiancé ? » que tu demandes. Mais ce n’est pas tant cette question, qui te brûle les lèvres. Tu meurs d’envie de savoir si elle n’a besoin de rien, si elle est en sécurité. Mais tu sais que ton absence ne te laisse plus le même droit qu’auparavant d’être aussi indiscret. Tu mordilles ta lèvre inférieure « Théa… Tu me le dirais, si t’avais besoin d’aide … ? Je veux dire, d’aide concrète. » tu hésites et passes ta main sur ta nuque « J’ai un peu d’argent de côté. Peut-être… Que je pourrais t’aider ? C’est pas grand-chose, mais… si je peux me rendre utile... » un peu gêné, tu mords l’intérieur de ta joue. Tu ne sais pas comment reprendre au mieux ton rôle de grand frère sans la brusquer. Peut-être as-tu déjà été trop loin ?

Tu te mets en marche, en réfléchissant à ce que vous pourriez faire dans les alentours « heum… concernant le reste… je pense qu’on peut tout simplement se promener et voir où nos pieds nous emmènent ? » tu lui adresses un sourire et hausses les épaules. Tu ne sais jamais trop quoi dire lorsqu’il s’agit de ta vie. Tu hésites. T’as envie de tout lui dire, mais pas de tomber dans le pathos. Alors tu fais le tri en quelques secondes. Tu balayes au plus vite les sept dernières années de ta vie et tu lui adresses un sourire « Bien. J’me sens bien ici. Mieux qu’à Paris, après ce qui s’est passé. Je ne pouvais pas rester. Ici j’ai… J’ai fini mes études pour commencer. Ce qui est déjà un bon début, je crois… surtout pour le type jamais capable de terminer ce qu’il entreprend. » tu réprimes un rire et hausses les épaules « et puis j’ai… Donné quelques cours, continué la musique. Je suis en train de terminer mon album, en ce moment. » tu lui adresses un sourire, gêné. Tu ne sais même pas, toi même, où tu en es avec Rose. « quelqu’un ? C’est… compliqué. Techniquement, non. Mais… Je crois qu’en vérité… j’aime un peu trop ma coloc pour que ce soit honnête, si tu veux tout savoir. » tu réprimes un rire et hausses les épaules « quant aux mauvais moments… viens on en parle plus tard. J’ai pas envie qu’on finisse par chialer bras dessus bras dessous ! » tu lui adresses un clin d’oeil amusé et toi alors… ? La France ? Londres ? Qu’est ce que j’ai râté durant tout ce temps ? »

Tout ce que Théa espérait en venant aujourd'hui était de ne pas susciter la moindre pitié de la part de son frère, qui pourrait se sentir presque obligé d'aider financièrement sa petite sœur. Son unique souhait était de rétablir les liens avec lui, car à ses yeux, la seule véritable richesse résidait dans les liens qui l'unissaient à son frère. Alors, tout naturellement, lorsqu'il lui parlait de l'argent mis de côté, elle secouait la tête. Je... Je suis désolée, mais je ne veux pas que tu m'aides avec de l'argent. La seule façon dont tu peux m'aider serait de me soutenir moralement, d'être là pour moi... Cela lui faisait bizarre de dire ça alors qu'il n'avait pas été présent ces dernières années. Tout comme c'était étrange de lui parler de sa vie en face à face et non pas à travers des rêves où ils se rencontraient de façon imaginaire.

Elle lui accordait un sourire, il n'avait pas perdu ses phrases à trois sous. "L'idée me plaît bien, oui," avait-elle dit en approuvant d'un hochement de tête son idée. Elle se mettait alors à l'écouter parler de son ressenti ici, ce qu'elle pouvait comprendre maintenant qu'elle-même avait quitté la France pour l'Angleterre. C'est bien. Je suis contente que tu sois arrivé au bout de tes études, c'est une très bonne chose, vraiment. J'ai toujours été certaine que tu y arriverais, ça m'énervait de te voir faire le cancre alors que t'étais capable de réussir. Tandis qu'ils marchaient, Théa regardait autour d'elle, écoutant le récit de tout ce qu'elle avait manqué dans la vie de son frère, enfin... Une bonne partie. Ta colocataire ? Je comprends, enfin j'imagine qu'en vivant ensemble, vous avez tissé pas mal de liens... C'est mignon en vrai, je devrais lui demander un jour si elle n'a pas envie de te jeter par la fenêtre parfois. Elle approuvait sa proposition d'un signe de tête en écoutant sa question.

Et bien, je suis devenue agent immobilier après de longues années d'études. J'ai ouvert une agence avec mon petit ami qui est finalement devenu mon fiancé. J'ai... Il a eu un accident et puis, on m'a téléphoné un soir en me disant qu'il fallait que je me rende à l'hôpital. Le temps a passé, j'ai entassé les factures et les dettes avant de finir par faire faillite, j'ai sorti un prétexte bidon à maman et je suis venue vivre à Londres. Un nouveau départ... Assez chaotique, parce qu'en vue de ma faillite, les gens ont un peu de mal à l'idée de m'engager alors pour le moment je fais quelques petits jobs et je cherche un véritable poste dans l'immobilier. Théa marquait une pause dans ce qu'elle disait. Mais, tout va bien, je suis en bonne santé, j'ai un endroit où vivre, j'ai un chien et deux chats aussi, donc tout va bien. Il faut juste que je trouve ma place et puis ça coulera de source.

Bien évidemment, tu t’étais doutée de la réaction qu’elle aurait. Tu n’étais pas idiot, l’argent dans la famille avait toujours été quelque chose de tabou. Et puis franchement : à sa place, t’aurais refusé aussi, t’es pas surpris. Pourtant tu ne peux pas t’empêcher de grimacer. Parce que t’es comme ça : ta sœur, elle passe avant tout, et ta décision de couper les ponts ayant engendré le manque, t’es pire encore que quand t’es parti : un putain de frère poule, tu savais même pas que ça existait, cet oiseau là. Tu te contentais d’hocher la tête, et haussais les épaules « d’accord. J’dis juste que… justement. Je veux être là pour toi. J’aime pas savoir que t’es dans cette situation là et si je peux t’aider… » tu mordilles ta lèvre inférieure et souris « écoutes. Si un jour tu changes d’avis, ma proposition tiendra toujours. Mais en attendant… si des soirées films débiles te suffisent, qu’on se goinfre de pop corn ou… peu importe. J’suis là. N’importe quelle heure, n’importe quel endroit. En plus… on a une chambre d’amis, à l’appart. » tu lui offres un regard appuyé, de ceux qui veulent dire, dans ton langage de gamin « if you see what I mean... ».

Tu lui adresses un sourire moqueur et, plus sérieux, t’avais fini par lui donner ce qu’elle voulait. Ton ressenti de la vie londonienne, ce que t’étais devenu. Ce n’est qu’en lui racontant ton épopée que tu mesures tout ce que t’as avancé et ça te donne presque le vertige. Tu ris légèrement à sa remarque « j’y peux rien, si le poil dans le creux de ma main s’était transformé en baobab ! Et puis… les heures passées sur la play étaient fort plaisantes. J’regrette rien ! » tu ricanes. Tu ne regrettes rien, mais t’es bien heureux pour autant d’avoir réussi à atteindre tes objectifs et quitter tes habitudes de flemme. Non Jean-Denis : rester à ne rien foutre dans son canapé n’est ni rock’n’roll, ni un mode de vie alternatif. Et ça, t’as mis un peu de temps avant de le comprendre. Au sujet de Rose, tu éclates de rire. Ça oui, vous en avez tissé, des liens. T’aimerais même en tisser davantage, mais tu sais qu’il ne sert à rien de mettre la charrue avant les bœufs, tu sais que son retour entre vos quatre murs, après votre dispute, a relevé du miracle. Alors pour le moment, tu te contentes de ce que vous avez « tu parles. Si ça se trouve, elle va te dire qu’elle ne pouvait pas espérer mieux, que je suis trop cool comme coloc et qu’elle ne voudrait en changer pour rien au monde ! » tu éclates de rire et reprends « nan. Rien que pour les lubies musicales à 3h du mat, elle doit avoir envie de m’étrangler, souvent. » tu marques une pause et réalises « hey ! À ce propos… j’ai jamais pu me résoudre à rendre mon premier appart ici. Le loyer était dérisoire, et j’avais peur que la coloc se passe mal. J’en ai fait un studio pour mes sons ; ça te dirait que je te montre un de ces quatre ? Peut-être même aujourd’hui, si ça te tente ? » Silencieux, tu l’écoutes t’expliquer le sien, de périple. Tu serres les dents, incapable de dire quoi que ce soit. T’as tellement envie de l’aider à s’en sortir, ou simplement de l’aider à être bien. Tu soupires « et… Ton fiancé… Il est hospitalisé où… ? Pardon ma Thé’. J’suis désolé de te demander ça comme ça. C’est pas cool de ma part. Mais… T’as encore des nouvelles de l’hopital ? Ça dure depuis combien de temps ?? » t’as l’impression d’avoir ramassé un immeuble de douze étages sur le coin de la figure. Tu n’imagines pas à quel point ça doit être difficile pour elle. Tu ne parviens plus à te retenir de la prendre dans tes bras, geste qui te démange depuis que vous vous êtes recroisés dans ce parc, il y a de ça quelques mois. « j’te promets que les choses vont s’arranger soeurette... » que tu te contentes de lui murmurer. Tu ne lâches pas ton étreinte, la berçant légèrement comme t’avais l’habitude de le faire, plus jeune. Tu sais pas si ça la rassure à elle ou à toi, mais en réalité, t’es même pas certain que ça soit un sujet.

C'était nul de la part de Raph d'être parti et il est vrai que Théa en avait beaucoup souffert, mais sans mentir au plus le temps passait à Londres, au plus elle réalisait qu'elle avait déjà pratiquement tout perdu et à défaut d'être seule, étrangement Raph, lui, était là. Alors peut-être que dans sa tête, la jeune femme qu'elle était, l'adolescente, lui en voulait mais aujourd'hui, en tant qu'adulte, elle était quelque part reconnaissante qu'il propose son aide. Oh, c'est gentil. Mais, tu sais... Le fait de savoir que tu es là pour moi me fait déjà du bien. Sans rire, ça me donne envie de me secouer et de reprendre ma vie en main. Disait-elle en souriant, même si ce n'était pas facile et de tout repos. Merci. Sincèrement, merci beaucoup. Je suis reconnaissante de tes mots et de tes propositions et je serais ravie de partager à l'occasion une soirée devant un truc débile à la télévision. Répondait-elle en souriant, il fallait aller de l'avant, mettre un pied devant l'autre, respirer et apprendre et oser tourner la page.

Admirative, c'est ainsi qu'elle se sentait lorsqu'elle regardait son frère. Il n'était pas parti pour devenir un délinquant ou simplement la plus grosse racaille de Londres. Non, il avait gardé son humour très 2/10 et il semblait... Plus vivant, souriant et surtout épanoui. Si tu es toujours aussi chiant qu'avant, alors je pense qu'il doit arriver que parfois, même sans l'admettre elle ait soit envie de te donner une baigne soit de t'étrangler. Disait-elle en souriant, revivant dans son esprit certains moments du passé qui la faisaient toujours sourire lorsqu'elle y repensait. En l'écoutant parler de son studio, Théa fut un peu surprise, agréablement. Il le méritait, il s'était battu pour avoir tout ça. Je serais ravie et honorée de voir ton studio. Lui disait-elle en souriant en le regardant. Ici, à Londres. À l'hôpital pas loin du palais. En fait... Je commence un peu à désespérer. Cela dure depuis quelques semaines avant mon arrivée à Londres. Les médecins disent que y a pas vraiment grand-chose à faire à part.. Attendre. Mais, ça va on s'habitue assez vite à cette angoisse et cette pression permanente. On s'y habitue malheureusement. Disait-elle en haussant un peu les épaules. Elle avait longtemps broyé du noir sur sa situation, mais aujourd'hui, elle souhaitait que tout ça change, que ça évolue positivement, que la roue tourne. C'est gentil. Mais, je suis persuadée que tout s'arrangera. C'est vrai que ça a été difficile au début, mais maintenant je suis convaincue que la roue tourne.

Tu écoutes attentivement Théa, absorbant chaque mot avec une attention particulière. Son expression sincère te touche, te faisant réaliser à quel point elle compte pour toi et combien tu veux être là pour lui permettre de trouver un peu de réconfort dans ce moment difficile.
Alors que tu la regardes, tu ressens une profonde admiration pour sa force et sa détermination. « Tu sais, ça me fait vraiment plaisir de pouvoir être là pour toi, » commences-tu doucement, un léger sourire étirant tes lèvres. « Si mes paroles peuvent t'apporter un peu de réconfort, alors je suis là, toujours. » Lorsque Théa évoque la situation difficile avec son fiancé à l'hôpital, tu ressens comme une boule dans ton estomac. « Je suis vraiment désolé de ce qui t'arrive, Théa » ,murmures-tu doucement, resserrant légèrement l'étreinte autour d'elle. « Mais je sais que tu es forte, et je crois en toi. Ensemble, on peut surmonter ça. La roue tourne, et je serai là à tes côtés, peu importe ce qui se passe. »

Dans tes yeux, elle peut voir la sincérité de tes paroles ; du moins tu l’espères. Et dans tes bras, elle peut peut-être trouver un peu de réconfort dans cette période difficile. Tu es là pour elle, maintenant et toujours. Tu lui adresses un sourire et proposes : « tu sais quoi ? On va manger, c’est moi qui t’invite. Et si ça te dit, j’te ferai visiter le studio après. On aura qu’à faire le tour du paté de maisons, si ça te dit ? Il n’est pas si loin que ça d’ici. »

Retrouver Raphaël, au départ, ça avait un peu sonné comme quelque chose d'électrique en elle. Cette colère, cette peine et cette absence accumulées sur toutes ces années avaient causé pas mal de torts à Théa. Mais... "One life", pour de vrai ! Elle était venue ici et elle ne comptait pas lui faire la gueule éternellement. Il fallait recoller les morceaux et aller de l'avant après tout, non ? Puis... Il y avait déjà assez de merde dans sa vie pour se battre contre la seule personne qu'elle avait à ses côtés. Après tout, il faisait des efforts pour faire en sorte que ça marche et ça, c'était touchant. J'ai sincèrement envie que ça marche, je veux dire toi et moi... Enfin, dit comme ça, on dirait qu'on est en couple, mais tu comprends ce que je veux dire, n'est-ce pas ? disait-elle en lui adressant un petit sourire. Je sais que je ne t'ai pas offert l'accueil que tu méritais lorsque nous nous sommes retrouvés et je m'en excuse. J'étais un peu beaucoup aveuglée par la colère. Mais j'ai vraiment envie de retrouver mon frère. Bien entendu, elle serait certainement toujours déçue de sa façon de partir, mais pour aller de l'avant, il valait mieux enterrer les haches de guerre. Et, je te remercie d'être là pour moi, sâches que ça va dans les deux sens, je suis là aussi quand tu en as besoin. La roue tourne, la roue à toujours finie par tourner, ce n'était qu'un certain temps de troubles, mais tout finirait par aller mieux, Théa en était convaincue. Souriante, elle ne pouvait pas refuser la proposition de son frère. C'est très gentil de ta part, sincèrement. Je t'inviterais à mon tour lorsque ma situation financière sera meilleure. lui disait-elle, comptant bien tenir parole lorsqu'elle en aurait l'occasion. Je ne connais pas grand chose, mais je te suis ! En attendant, et si tu me parlais un peu de ta vie à Londres ? Tu es venu directement ici après ton départ?