Noël….Passage obligé, chaque année. Fut un temps, ça te gonflait. Depuis le décès de ton père, tu détestes ces fêtes. Synonyme de famille, elles ont perdu tout leur sens le jour où il est parti. Tu sais d’ailleurs que c’est devenu difficile pour Roman aussi. Lui, c’est sa sœur qu’il a perdue. Famille ? Pas un mensonge. Simplement des plaies douloureuses, pour tout un chacun : vous n’êtes pas les seuls à traverser des drames, tu le sais. Pourtant, tu ne te laisses plus vraiment le droit de détester ces fêtes. Du moins, tu le fais plus discrètement, depuis que ce petit bout de vous a vu le jour et qu’elle croit au père Noël dur comme fer. Et puis bientôt, elles seront deux. Elles ? En fait, t’en sais rien. T’as refusé de connaître le sexe de votre second petit bout. A quoi bon le savoir maintenant, de toutes façons ? Dans un mois tout au plus, vous pourrez enfin serrer ce petit être contre vous. Tu profites de ces derniers instants privilégiés avec ton mari et ta fille. Et cet après midi, c’est autour de Manon. Roman, lui travaille. Tu te rattraperas ce soir. Depuis son retour à la maison, tu mets un point d’honneur à ce que chacun ait un moment privilégié. Tu ne veux plus le délaisser. Encore moins avoir l’impression qu’il te délaisse. Ça t’avait déchirée lorsque vous vous étiez séparés, tu ne veux plus que ça arrive. Jamais. Un texto à ton mari pour lui dire que tu l’aimes et que tu pars en vadrouille avec Manon. Il n’aime pas nécessairement, mais si tu continues à rester à la maison sans rien faire, tu vas devenir folle. Et puis Manon, elle avait sacrément envie de les voir, le père Noël et ses lutins. Sa photo prise avec le Père Noël du magasin, bonbon récupéré auprès de l’intermittent, tu le remercies et demandes à ta petite de faire la même, mais tout à coup, elle s’arrête. Tu ne comprends pas. Elle te regarde et lances avec de grands yeux de chat potté « maman ! Regardes la dame ! On dirait Anna dans la Reine des Neiges ! Elle est belle ! » « tu as raison, ma puce. Elle est très jolie ! » que tu lances, bienveillante. Tu rêves de pouvoir t’asseoir « on va goûter, mon trésor ? » « maman… pourquoi elle a l’air triste la dame  faut pas la laisser toute seule? » Tu observes avec attention la jeune femme. A l’observer, ta fille a raison. Tu prends la main de ta princesse et te diriges vers elle « bonjour ! Je m’appelle Zelda et voici Manon. Je suis désolée de vous déranger, mais… est-ce que tout va bien … ? Vous n’avez pas l’air dans votre assiette, mademoiselle… je peux peut-être vous offrir un café ? J’allais faire goûter la petite. Si vous voulez vous joindre à nous, c’est avec plaisir ! » que tu lances un peu gênée. Mais Manon a raison. Il ne faut pas laisser les gens seuls dans leur coin lorsqu’ils sont mal, c’est toi qui lui as appris, tu ne vas quand même pas aller à l’encontre de tes leçons, surtout lorsqu’il s’agit d’altruisme !