(MAYA) between you and me... tell meee !

Tu souris à ta nièce. Lya n’est pas venue avec vous mais tu apprécies de profiter des quelques rayons de soleil qui vous laissent comprendre que le printemps sera très bientôt là. Une glace dans la main chacune, vous avancez sans vraiment de but, et ça te va. Juste pouvoir te connecter un peu plus à ta famille, devenue essentielle depuis ton retour à Londres ces derniers mois. D’un signe de tête tu lui désignes un petit parc vide.

- Je ne sais pas si tu te rappelles, mais il y a une dizaine d’années, quand je suis venue faire mes études ici, toi et moi on allait tout le temps jouer dans ce parc de jeux.

Tu lui souris. Sans doute qu’elle s’en rappelle. Tu vois vite fait dans ses yeux un quelque chose que tu ne sais pas identifier.

- Mais c’est pas parce que t’as grandi depuis que tu peux pas me dire ce qu’il te passe par la tête, tu le sais, hein ?

Tata Mareva était probablement une des personnes qui comptait le plus pour Maya, sans exagérer, elle l'admirait énormément. Chaque moment passé avec elle était précieux. Aujourd'hui était l'une de ces journées où elle allait pouvoir profiter et surtout passer du temps en sa compagnie. Une glace à la main, Maya marchait à ses côtés, où ça ? Aucune idée, le plus important était de ne pas se mettre de la glace partout et surtout : profiter du moment présent avec sa tante.

- Je me souviens, oui. J'étais toujours très déçue quand il faisait mauvais et qu'on ne pouvait pas venir, ça me rendait triste et parfois je pleurais.

Avait-elle dit en lui rendant son sourire. Comment oublier ce genre de souvenir ? Le parc, c'était le rendez-vous préféré de Maya le mercredi après-midi. Elle l'écoutait alors, ne perdant pas son sourire, elle hochait la tête.

- Je le sais, oui, et je t'en remercie sincèrement. Disait-elle en souriant légèrement. Le seul truc que j'ai en ce moment, c'est la peur de décevoir mes proches.

salmon & shrek

Tu ricanes. Maya est peut-être celle de tes deux nièces avec le plus fort caractère de cochon. Lya n'est pas en reste, c'est vrai, mais Maya avait toujours su exprimer ses désaccords et ses déceptions de la meilleure manière qui soit. Bon, et puis, rétrospectivement parlant, tu n'as pas passé suffisamment de temps avec Lya aussi, présente quelques fois par an quand tu étais de passage.

- Non, pas "parfois". Tu piquais soit des crises de larmes, soit des crises tout le temps. Mais je te rassure, ta mère et ta tante sont pires que toi ! Parce que toi aussi tu étais déçue et tant qu'à ne pas trouver de personne à blâmer, autant faire une crise, N'EST-CE PAS ?

Tu fronces les sourcils. Ah ouais, c'est tout ? Mais tu n'insistes pas sur autre chose, tu l'écoutes et agis sur ce qu'elle te dit uniquement.

- De décevoir tes proches ? Pourquoi donc ? Tu sais que pour décevoir ta mère, faut se lever tôt, quand même... Maya est tellement une enfant modèle malgré tout, tu as du mal à comprendre comment elle pourrait décevoir Enola...

Elle n'avait pas tort, Maya piquait ses crises aussi souvent que nécessaire, même si c'était à cause de la météo. Elle ne comprenait pas pourquoi sa mère ne faisait pas venir le soleil au lieu de la pluie.

- Et bien, je suis presque étonnée... Enfin, je crois. Ou pas. Maya avait toujours été certaine que, dans le fond, sa mère aussi aimait piquer ses crises. Qui ne le faisait pas ? On est humain, non ?

Et puis, elle avait parlé de cette peur étrange mais pourtant présente, celle de décevoir ses proches. Sa tante ne semblait pas de cet avis. Il est vrai que Maya avait toujours tout fait pour ne jamais décevoir, elle avait toujours voulu rendre ses proches fiers.

- Je ne sais pas... Imagine qu'un jour je fasse un truc nul qui briserait le lien que j'ai avec maman... Ou même avec toi... Ou que ma façon de vivre, d'être ou mon caractère ne soit pas comme vous l'avez imaginé. Elle gardait un peu le silence, pas longtemps, juste quelques secondes. Tu me le dirais si je faisais quelque chose de mal, pas vrai ?

salmon & shrek

Tu ricanes en l'entendant. Il n'y a pas à dire, vous êtes bien des Simmons toutes les deux, même si tu as refusé de porter le nom de ton père plus longtemps, sans doute pour faire taire les rumeurs et les ragots autour du fait que tu as grandi à proximité de tes grands parents maternels, ou peut-être juste pour simplifier l'administratif, tu ne sais plus vraiment, tout te paraît compliqué sur ces choix adolescents.

Tu comprends vite que Maya est partagée et inquiète pour des choses que tu ne comprends pas, sans doute parce que pour toi ses peurs sont infondées. Mais elles existent et tu te demandes si tu as un jour fait, ou même Enola, quelque chose qui puisse la mener à avancer vers ces craintes-là.

- Maya... Ta mère t'aime de tout son coeur. Moi aussi, pour ce que ça vaut. Rien de ce que tu pourrais faire, être ou vouloir, qui te rendrait heureuse ne saurait t'éloigner de ta famille. On voudra toujours que tu sois heureuse et ça s'arrête là. Ne t'inquiète pas pour le reste. Tu passes ta main sur son visage pour aider une mèche à s'échapper de celui-ci, la calant derrière son oreille. Si tu veux, mais ce que tu estimes "mal" ne l'est pas forcément, tu sais. Tant que tu ne blesses personnes volontairement dans le processus.