Lorsque Mikkel t’en avait parlé, tu ne l’avais pas cru. Lui, venir à Londres ? Aussi fou que ça pouvait paraître, t’avais tout de suite proposé qu’il élise domicile chez toi. D’une part parce qu’il n’avait nulle part où aller, d’autre part parce que tu ne l’aurais certainement pas laissé prendre une piaule à l’hôtel et enfin parce que… parce que c’était ton pote, que ton coloc s’était justement fait la malle et qu’une chambre restait disponible chez toi, devenue en attendant mieux, ton bureau. Déprimant. Depuis quand avais-tu besoin d’un bureau pour geeker ou caliner Shaly en attendant que le temps passe ?

Joyeux comme un gamin de cinq ans sous le sapin un soir de Noël, t’avais attendu patiemment qu’il n’arrive. Selon l’heure qui passait sur ton téléphone, il ne serait pas là dans beaucoup de temps ; juste de quoi te permettre de faire un brin de ménage, mettre quelques trucs au frigo pour fêter son arrivée, puis… rapidement prendre une douche.

Fébrile, tu faisais quelques sauts de puce vers ton balcon, ouvris la baie vitrée et allumais une cigarette en scrutant l’horizon. Tu détaillais la moindre voiture – tu savais qu’il arriverait en taxi. Pour prendre ton mal en patience, tu tentais de passer à autre chose pour quelques instants, envoyant ton meilleur stock de réels à Roman, à son plus grand damn : comment ça, il n’avait pas que ça à faire de regarder des conneries ? Jack Black qui chante « peaches », ça vaut bien trente secondes de vie, non ? Sorti de ta nébuleuse, dans laquelle tu imaginais, sourire narquois sur le visage, la tronche décomposée de ton meilleur compagnon de conneries, tu fus surpris par des coups à la porte. Enfin, ton invité était là ! Tu jetais ta cigarette à peine entamée dans le cendrier et filais lui ouvrir : « Mik’ ! Enfin, t’es là ! J’arrive pas à le croire ! Entre, fais comme chez toi ! » tu fermais derrière vous et lui adressais un sourire bienveillant « tu as fait bon voyage ? Viens. Je vais te montrer où poser tes affaires, tu seras plus à l’aise ! » et sans attendre, tu l’entrainais tranquillement vers la chambre désormais vidée de toutes tes affaires

hj:

Tu te sentais comme un ado recevant son correspondant : plein de joie, fier, et surtout… tellement heureux de voir Mikkel pour de vrai ! C’était quand même autre chose que des lettres ! Même si… c’était sûr que ce mode de communication avait son charme, toi, t’aimais bien mieux le contact humain. Et visiblement, ton ami aussi, puisqu’il se jetait dans tes bras. Amusé, ton nez se fronçait, laissant échapper un rire soufflé, avant de l’accueillir de bon coeur dans tes bras « j’suis tellement content que tu sois enfin arrivé ! Tu as fait bon voyage ? » que tu as demandé, avant de réaliser « au fait… y’a beaucoup de décalage horaire entre ici et chez toi ? Tu dois être épuisé, non ?! » a sa remarque, t’es devenu blême, et t’as explosé de rire « en même temps… je crois que ça me va, comme ça. Je n’aimerais pas avoir la vie de Léonardo Di Caprio ou de Billie Eilish : les gens qui squattent devant chez moi pour me voir prendre mon café en calbut’ sur le balcon au matin… très peu pour moi. » tu pouffais de rire, amusé par l’image que tu venais toi même de te mettre dans la tête, et t’as continué d’écouter le norvégien que tu conduisais à sa chambre, impressionné par le chemin interminable qu’il venait de faire « eh ben ! Ça fait combien d’heures de trajet tout ça ?! J’sais pas si j’aurais eu la patience, à ta place ! Moi, je pète un cable au bout de deux heures d’avion ou dans les bouchons alors tout ça… C’est là qu’on se dit que les inventeurs sont carrément en retard sur la question de la téléportation ! » et en même temps, un accident était si vite arrivé : pas sûr que tu veuilles fusionner avec un insecte débarqué par accident dans le téléporteur. Mais… peut-être – sans doute, que t’avais regardé un peu trop de films de science fiction, aussi. Une fois la valise posée dans la chambre que tu utilisais jusqu’ici comme bureau slash chambre d’ami, tu hochais la tête « oui, c’est ici que je vis ! Et je dois dire… que j’adore ce coin. J’espère que tu l’aimeras aussi et que tu y seras bien ! En tous cas, si tu as besoin de quoique ce soit, j’suis là ! Ça te va, si je te laisse t’installer ? Prends ton temps, surtout ! Tu veux boire ou manger quelque chose ? » clairement, tu partais dans tous les sens. Mais tu étais tellement surexcité, que l’idée que Mikkel manque de quelque chose t’était inconcevable.

Jamais t’aurais cru que Mikkel finirait par débarquer chez toi, lorsque vous aviez commencé à discuter.Et pourtant vous étiez là, à vous faire des accolades chaleureuses, trahissant la joie que t’avais d’enfin rencontrer ton ami « pour de vrai ». T’en étais émerveillé, tout autant que de son récit de voyage qui te faisait rêver. Bordel, si toi aussi tu avais été aussi téméraire, sans doute que tu l’aurais carrément fait, le tour du monde. C’était vrai, tu étais une tête brûlée sur beaucoup d’aspects, mais pour ce qui était de quitter ta grande ville pour voir du monde et de la verdure, là, il n’y avait plus personne : tes personnages ? Bien plus aventuriers que toi, c’était indéniable. Peut-être d’ailleurs qu’un jour, tu donnerais vie à Indiana Jones le temps d’une représentation ? Wow. Comme souvent, ton imagination partait trop loin. Rêveur, tu écoutais Mikkel, ouvrant de grands yeux ronds lorsque ton correspondant t’assura qu’il avait vu la lune et le soleil faire la course et se succéder dans le ciel de nombreuses fois, à la manière d’un dessin animé. T’avais du mal à y croire, toi qui n’avais vus ces deux astres que tour à tour tout au long de ta vie somme toute tranquille… Quoique : tu avais bien l’habitude de voir la lune laisser place au soleil, lorsque tu rentrais de soirée tard le soir – ou tot le matin, tout était une question de point de vue… Mode de vie différent, tu espérais l’espace d’un instant que Mikkel aurait une influence vertueuse sur tes habitudes. Pas que tu veuilles en changer, tu aimais tes soirées chargées. Mais pourquoi ne pas découvrir d’autres façons de voir la vie ? Tu éclatais de rire « à vrai dire, je te comprends ! Je suis tellement content de te retrouver ici, que je ne suis pas prêt de dormir ! » tu lui adressais un clin d’oeil bienveillant et fronçais les sourcils, curieux « c’est quoi, le halling ? » loin d’être contre une démonstration de danse… et tu grimaçais quant à sa remarque sur les trois pelés sous tes fenêtres. Pas encore dramatique, mais tu t’imaginais l’espace d’un instant : une autre époque, un autre métier, les années 90, les boysbands : tu ne voulais pas finir comme ces pauvres Take That ou World’s appart, plusieurs centaines de groupies sous tes fenêtres à gueuler ton nom dès le matin tandis que toi, débraillé et déboussolé, sortant difficilement d’une longue nuit de sommeil, tu les saluerais, bave aux lèvres et trace d’oreiller sur la joue. Merci mais non merci. Tu ne voulais définitivement pas de ce genre de futur. « eh bien… oui. Ils sont gentils, c’est même grâce à eux, que j’en suis là. » Comédien qui commence à être connu ? T’aurais jamais cru. Tu haussais les épaules et repris « mais tu vois… j’aimerais garder autant que possible ma vie privée. J’suis trop bien avec mes potes et ma famille pour que tout ça soit montré dans les médias, tu comprends ? » tu adressais un sourire à ton ami et te mis à rire lorsque tu compris « non ! C’est une expression ! Je… je voulais dire… que… je suis impatient ? » tu pouffais de rire, encore surpris « est-ce que… tu as des expressions imagées, chez toi ? Par exemple… je crois que ma préférée ici, c’est quand il pleut énormément : on dit qu’il pleut des chats et des chiens ! » tu te mis à rire en réalisant l’absurdité de ta langue et lui montrais sa future chambre « non bien sûr ! Tu t’installes quand tu veux, je voulais juste que tu sois tranquille ! » tu lui adressais un clin d’oeil et l’invitais à te suivre au salon « très bien monsieur Admontsen ! Si tu veux une immersion… je te propose… Un apéritif : bière et natchos, ça te va ? » tu lui adressais un clin d’oeil, l’invitant à s’installer dans le salon et tu revins quelques instants plus tard avec deux bières et un bol de natchos sur lequel tu avais fait fondre du fromage… Ton point faible de soirée par excellence. ! « à ta santé ! Et à ton arrivée à Londres ! J’espère que tu resteras longtemps ! »

T’étais franchement heureux, que Mikkel soit là. Parce que c’était votre rencontre, oui, mais aussi et surtout parce que tu adorais partager. Et puis tu avais hâte de partager ton monde avec lui autrement que par amitié épistolaire ! Heureusement pour toi, il semblait être aussi démonstratif et bavard que toi, ce qui était loin de te déplaire ! L’espace de quelques secondes, tu pensais à Roman. Il faudrait absolument que ces deux là se rencontrent, tant ils étaient importants pour toi… et puis, t’étais certain qu’ils pourraient s’entendre à merveille. Tu gardais cette idée dans un coin de ta tête et observais ton ami, amusé « à tes souhaits ! Je n’ai aucune idée de ce que sont ces trucs qui font du son, mais j’adorerais que tu me montres ! » après tout, vous auriez tout le temps de regarder ce genre de trucs sur youtube, un jour où l’autre. De toutes façons, ce n’était pas comme s’il allait repartir tout de suite, si ? Et puis tu t’étais mis à rire « pas grand-chose, je crois. On a juste des expressions… bizarres ? Promis. Je vais essayer d’être moins imagé ! tu réprimais un rire et arquais un sourcil « faire la météo ? Je ne connaissais pas ! Mais c’est pas déconnant, surtout ici ! Parfois, il pleut en même temps qu’il fait soleil. C’est étrange mais tu verras, on s’habitue vite ! » tu lui adressais un clin d’oeil et filais préparer un saladier de nachos, amusé par sa réaction. C’était rafraîchissant, en fait, de voir quelqu’un aussi émerveillé par le moindre des faits du quotidien. C’était tellement devenu habituel, que tu n’en voyais plus la beauté. Connard prétentieux ? Pas loin. Pourtant, tu essayais de t’émerveiller le plus possible face à ce que tu avais. Comme un enfant, de retrouver la magie dans le moindre geste somme toute banal. Et on dirait bien qu’avec Mikkel, tu allais être servi. Encore un point commun, il fallait croire. Tu réprimais un rire « toujours ? Carrément ? Ça me va ! Deal ! » tu lui tendais la main comme pour sceller une promesse et lui adressais un sourire. Qu’il reste vraiment pour toujours ou juste quelques mois, t’en serais toujours aussi content. Tu trinquais avec lui et savourais ta bière : bien fraîche, comme elle se devait. Tu hochais la tête en souriant « ouais ! Et certains mettent aussi du guacamole. C’est une sorte de purée d’avocat. C’est aussi très bon, avec ! Je te ferai essayer, un de ces jours, si tu veux ! » que tu avais lancé tout sourire, avant de demander « qu’est ce qui te ferait plaisir ce soir ? Tu veux qu’on se promène ? Qu’on aille manger quelque part ? Ou qu’on reste tranquillement ici ? On peut même commander à manger si tu veux ? » que tu avais proposé, curieux.

Tu restais dubitatif. Tu te doutais que Mikkel parlait d’instruments, mais tu avais tellement l’habitude d’aller sur youtube pour absolument tout et n’importe quoi, que t’avais été quelques peu… désarçonné ? Du moins, tu avais bugué, jugeant bon d’éclaircir :

« je sais que tu n’as pas ces instruments avec toi Mik’ ! Mais sur internet, on peut peut-être trouver des concerts ou des gens qui montrent comment on en joue ? » vu le nombre de tutos à la con pour faire exploser un portable, nul doute qu’il devait aussi y avoir ce genre de tutos qui à ton sens seraient mille fois plus intelligents. Mais bon. Trêve de jugement de valeur : il en fallait pour tous les gouts, après tout. À son explication, t’as souri, amusé « je vois. On a pas les mêmes météos, mais on est tous les deux habitués aux caprices du ciel. Enfin. Surtout toi ! Je suis très frileux, comme gars. Comment tu fais, lorsqu’il y a des températures négatives ? Tu ne devais pas pouvoir sortir, si ? » clairement pas un bail pour toi : rester enfermé le temps que ça passe ? Merci mais non merci, toi, t’étais un homme libre, aussi libre que Dobby, l’elfe des maisons ! Ou pas. Disons plutôt que t’étais incapable de rester en place plus de vingts minutes, alors rester enfermé chez toi jusqu’à ce que la météo ne se calme ? Pensez. En serrant sa main, tu comprends lorsqu’il reprend tes mots que lui, n’a pas saisi ce que tu viens de dire. Et tu commences à réaliser que tu utilises beaucoup trop d’expressions et de mots imagés pour t’exprimer. Tu grimaces « désolé. Ca veut dire ‘ça marche ?’ c’est ce qu’on dit quand on conclut une affaire. » tu lui adresses un sourire, décidant de passer la vitesse supérieure au niveau de ton attention : tu ne veux pas le mettre en porte à faux à chaque mot que tu prononces, mais tu n’as pas encore trouvé la bonne façon de te faire comprendre. Meh. Ca viendra. Mikkel n’est là que depuis quelques minutes à peine, après tout. « c’est pas mauvais en tous cas. Ne mets pas trop de confiance dans ce que je te proposes : imagines qu’un jour, il y a quelque chose que j’adore manger et toi, tu détestes ? Enfin, tu verras, tu te feras une idée par toi même ! » tu lui adressais un clin d’oeil amusé, un sourire s’étirant malgré toi sur ton visage lorsque tu imagines Mikkel dépité devant un truc que tu manges avec envie. Tiens : des baked beans par exemple : peu de pays voisins s’y risquent et pourtant, toi, tu trouves ça succulent.
Tu hoches la tête à sa question « euh… oui, à peu près. Regardes. » tu sors ton téléphone et ouvres l’application de livraison « ici, tu as beaucoup de restaurants qui sont proches de nous. Tu peux choisir ce que tu as envie de manger : de la nourriture asiatique, des spécialités d’ici, des burgers… y’a plein de chose ! Une fois que tu as choisi le restaurant, tu choisis ton menu. Comme si tu étais su r place. Et puis quelques minutes plus tard, un mec en mobylette arrive avec ta commande. C’est un peu… le repas de la flemme. Il ne manquerait plus que quelqu’un pour te mettre la nourriture dans la bouche. » que tu lances amusé avant de te dire que… « hey, c’était une blague, hein ? » cette fois, tu préférais anticiper : surtout, ne pas passer pour un taré. Déjà que tu n’aimais pas forcément faire déplacer les gens parce que tu n’avais pas voulu bouger de ton canapé… ce serait de trop !

Tu te notais mentalement d’aller voir à quoi ressemblaient ces instruments et d’en écouter un morceau plus tard. Pour le moment, tu te contentais de l’écouter te parler des températures norvégiennes, qui te font littéralement froid dans le dos : toi, vivre en permanence dans le froid c’était clairement pas pour toi. Pourtant, t’aurais adoré visiter, un jour. Tu commences à penser à ces vestes que t’avais vues, sur Aliexpress où des petits chauffages à piles étaient inclus à l’intérieur. Tu te demandes si ça marche vraiment et réalises que t’es totalement en train de divaguer. FO-CUS, Artwood. Tu te mets à rire « 95 % de l’année ? Effectivement, je serais probablement mort de faim avant la fin de la première semaine, si je ne peux pas me déplacer ! » tu lui adresses un clin d’oeil amusé : il n’a pas tort, faire un métier extérieur et ne pas pouvoir sortir ? C’est quand même sacrément paradoxal, non ? Tu arques un sourcil, surpris « Herregud… quoi ? » t’as envie de rire : « hey ! Tu crois que tu pourras m’apprendre quelques mots en norvégien ? » Et puis tu hoches la tête « J’imagine que ce doit être une question d’habitude, aussi. Ici, les températures ne sont jamais aussi extrêmes ! » tu lui adresses un sourire, conscient que vos cultures et vos pays sont encore plus différents que ce que tu pensais. Tu hausses les épaules et tu ris légèrement : c’est pas ton genre, de t’excuser, mais tu prends tout à coup conscience que t’es en train de le submerger, tout à coup « ben… parce que… ça fait beaucoup ? Et aussi parce que… tu dois être fatigué après tout ton voyage, j’suis un peu trop énergique, je crois. A tout moment tu peux me demander de me calmer. » tu lui adresses un clin d’oeil et sors ton téléphone, surpris de sa remarque, avant de réaliser : c’est pas le genre de choses qu’il doit avoir, dans les plaines enneigées. Tu hoches la tête et te contentes de répondre : « oui, c’est très pratique de pouvoir faire des recherches ou d’avoir de quoi communiquer à portée de poche ! ». Amusé, t’as laissé Mikkel te dire ce qu’il voudrait pour son repas « je n’avais jamais vu ça comme ça. Mais t’as raison, c’est en quelque sorte ça ! » tu hoches la tête et souris : il a raison. Toi, t’as toujours vu les livraisons d’un mauvais œil, pour plusieurs raisons ; tu évites d’y faire appel trop fréquemment. Mais étrangement, lorsque tu le faisais, tu n’as jamais vraiment pensé à l’éloignement entre ton appartement et le restaurant. « C’est pas souvent, que les gens ici pensent aux déplacements des livreurs. Il y a un restaurant, à quelques rues. On pourrait y commander si tu veux ? Il est très bon. Ce sont des plats italiens. » et joignant le geste à la parole, tu lui montres la carte du restaurant.

A sa remarque, tu ricanes : « c’est pas faux, tu marques un point ! » amusé tu secoues la tête « pardon. J’avais dit que j’arrêtais les expressions, et voilà que je t’en sors une encore ! Ça veut dire… que je suis d’accord, que ça me plait ! Mais… saches que c’est pareil pour moi : Pour mes amis, dont tu fais bien sûr partie, je donne sans compter ! » tu lui adresses un sourire bienveillant et relâches sa main avant de lancer, enthousiaste « eh bien… justement, peut être que ce sera l’occasion idéale pour voir si t’es bon prof ? Et puis au pire… comme je suis comédien… je pourrai t’apprendre à tenir un public ! » tu réprimes un rire avant de préciser « je veux bien évidemment parler d’un public d’emmerdeurs de ma trempe ! Je suis pas le gars le plus concentré qu’on puisse faire, en fait. » tu lui adresses un clin d’oeil et, plus sérieux, tu hoches la tête « tu as raison. Je pense que la raison pour laquelle nous on s’en plaint… c’est surtout qu’on est jamais contents ! » tu lui adresses un clin d’oeil amusé de nouveau et tu files dans ta cuisine, histoire de vous trouver quelque soda pour patienter « est-ce que tu aimes la limonade ? »[b] que tu lances en revenant avec deux canettes de seven up. Tu vas finir par faire de lui un véritable junkie au gras et au sucre. Pauvre Mikkel, il ne sait pas dans quoi il fout les pieds, en débarquant chez toi ! À sa remarque sur les pizzas, tu hoches la tête [b] « ça ne m’étonne pas. C’est un des plats les plus rapides à faire ou a commander, les gens ici en sont très friands. Alors forcément… plus la demande est élevée, plus il y a d’enseignes qui en proposent. » tu lui adresses un sourire et tu finis par passer votre commande… Nouvelle surprise. Décidemment, tu as vraiment du mal à te mettre à sa place. Pas parce que tu n’essaies pas, c’est même tout le contraire. Mais c’est ainsi que tu réalises tout ce que tu as internalisé et qui, finalement, n’est pas si normal pour d’autres régions. Fichu monde bourré de technologie dont tu ne sais plus te passer « l’application. Tu vois ? Le truc sur lequel on vient de commander. Regardes ! » tu lui montres la carte, et le petit vélo qui se déplace. Puis le décompte de temps, juste en dessous. À y penser, ce système te fout mal à l’aise. Et ce n’est que parce que tu dois l’expliquer à Mikkel que tu réalises le côté malsain de ce que tu as pourtant longtemps consommé de façon passive : « ça ne fait de mal à personne » ; « je suis trop fatigué pour cuisiner » « j’suis bourré, faut que j’éponge » combien de raisons t’étais-tu trouvées pour te donner bonne conscience ? Ok. C’est décidé, cette commande serait le début de ton véritable âge de raison. Il était temps ! Lorsque le coursier est arrivé vingt minutes plus tard, tu te sentais tellement coupable que tu lui as donné vingt livres de pourboire. Et puis t’es remonté avec vos pizzas « leeet’s go pour la première pizza de ta vie ! Il faut qu’on immortalise ça ! » t’as filé chercher ton vieux polaroid « viens, on prend une photo avec les pizzas ! » ton projet ? Faire un mur de photos remplis des temps forts de ta vie : et si l’arrivée de Mikkel l’inaugurait ?

En voyant le visage d’incompréhension de Mikkel, tu t’es tout de suite repris. Tu n’arrives pas forcément à stopper tes jeux de mots et tes expressions pour le moment, mais tu supposes que ça finira bien par se faire, avec le temps. Peut-être même que tu vas déteindre sur lui, et que lui même aussi, finira par parler de la sorte ? Deux choses te viennent en tête : s’il avait lu dans tes pensées, t’es certain que « déteindre », il l’aurait pris au sens littéral du terme. Tu l’imagines tout à coup avec ton visage, quelque part, en décalcomanie. Dans le dos, tiens. La tête de son coloc dans le dos, ça, ça a de la gueule. Et puis… la seconde chose… c’est tout simplement de l’imaginer, lui aussi, parler comme toi. Ça, ça te ferait vraiment marrer. Ça t’arrache un sourire. « Pardon. Je voulais dire ‘’tu as raison’’ » que tu t’es contenté de lui répondre, en lui adressant un grand sourire accompagné d’un clin d’oeil.

Et puis tu as réfléchi. Effectivement, il avait raison, une fois encore. T’étais assez bon public. Mais en ce qui concernait les cours de langues… il fallait repasser : ta phrase fétiche, lorsque tu étais encore étudiant ? « Why should I freaking learn french or spanish ??? I barely speak english, though !! » globalement… maniant à peine ta langue natale, tu voyais pas le projet. Paradoxal, quand on te voit, presque vingt ans plus tard, manier la langue de Shakespeare tous les soirs sur les planches, à la perfection. Comme quoi, tout est toujours question de motivation et d’intérêt, avec toi.

Tu hoches la tête et souris « je demande pas à être un parfait bilingue, ne t’en fais pas ! Déjà, apprendre quelques mots et comprendre deux trois trucs… je serais content ! » tu lui adresses un nouveau sourire et te sens tout de suite obligé de préciser « enfin, quand je dis ‘deux ou trois’, je veux dire… que je serai content, ne serait ce que de connaître quelques rudiments de norvégien ? » voilà. Comme ça, aucun doute possible. Tu lui adresses un sourire et, revenu avec tes cannettes, tu hoches la tête « bien sûr que si, je suis heureux ! Surtout maintenant que t’es là, je veux dire… pour de vrai ! Je suis content, tu peux pas savoir comment ! » tu lui offres une accolade amicale, avant de te réinstaller dans ton canapé et d’ouvrir ta cannette : ton moment préféré de la journée ? Ton seven up du soir. Comme un petit vieux, tu as toi aussi tes habitudes bien marquées.

Tu te stoppes net, tu te sens un peu con : bah oui, c’est ma foi évident ! Si c’est si facile à faire, alors pourquoi ne pas les faire soi même, les pizzas ? Tu hésites, et finis par lancer « ça tient en un concept : la: sparkles : flemme :sparkles : » tu te mets à rire et hausses les épaules « bien évidemment, je plaisante. mais… si tu veux, plus sérieusement, on pourra en faire, un jour ! » tu lui adresses un clin d’oeil et l’observes, amusé par sa réaction « je suis certain que dans quelques temps… tu ne trouveras plus seulement ça drôle, tu ne pourras plus t’en passer ! » amusé tu hausses les épaules « en tous cas, c’est comme ça que ça s’est passé, pour moi. » au départ, c’était un non catégorique, pour toi, qui te positionnais en bon défenseur des droits de l’homme. Mais force était de constater que les choses avaient clairement dérapé.

Tout sautillant, t’avais finalement récupéré les pizzas, et avais aussi pris ton appareil photo ; ça valait quand même le coup de garder un souvenir de ce moment si drôle ! T’as pris Mikkel en photo, sa tête, yeux aussi ronds que les pizzas t’arrache un rire. Tu lui montres et hoches la tête « t’inquiètes pas. Je suis sûr que celles qu’on fera seront encore plus belles… et tout aussi délicieuses ! Bon appétit, « coloc’ ! » » que tu as lancé, d’un ton et d’un air plein de malice. Bon dieu ce que t’es content, qu’il ait décidé de venir jusqu’ici !!

Tu observes avec amusement les efforts de Mikkel pour appréhender cette langue à tes yeux si étrange qu'est le norvégien. Tu ne peux t'empêcher de sourire devant son enthousiasme et sa détermination à te transmettre ça. Et pourtant, comment cela pourrait en être autrement ? Toi, t’as eu la même réaction, lorsqu’il t’a dit vouloir débarquer ici. Et pour être honnête, t’es toujours aussi enthousiaste à l’idée de partager ton quotidien et ton train de vie avec ton ami. « tu sais quoi ? On commence quand tu veux ! » tu lui adresses un clin d’oeil enjoué. Inutile de dire que tu as hâte, tout comme t’es pressé de tester de faire des plats avec lui. Tu imagines déjà les chouettes moments à venir, les râtés, les fous rires… et forcément, les repas délicieux ; sans parler d’une occasion de t’améliorer, ta capacité à faire à manger se limite à faire des pâtes… pas toujours cuites, en plus de ça.
Tu hoches la tête avec un air entendu lorsque Mikkel parle de créer un album photo pour immortaliser vos moments ensemble. C'est une idée charmante qui te plaît beaucoup.
« Excellente idée ! » approuves-tu. « On aura plein de souvenirs à partager. Et puis… t’auras plein de choses à raconter à ta famille, aussi ! » De nouveau concentré sur ta pizza, tu adresses un sourire à Mikkel en le remerciant : « Takk, Mikkel », réponds-tu avec un sourire reconnaissant. Le seul mot que tu connaisses en norvégien. Et tu ajoutes : « Bon appétit à toi aussi ! »
Tu savoures chaque bouchée de pizza, appréciant la saveur et la texture du plat. La compagnie de Mikkel rend ce moment encore plus agréable.
« C'est délicieux, vraiment ! » assures-tu, ravi de partager ce repas avec ton ami.
Entre les rires, les échanges linguistiques et les découvertes culinaires, tu réalises à quel point cette amitié est précieuse. Avec Mikkel à tes côtés, tu sais que cette colocation sera remplie de moments inoubliables.