(JORCHIE) do i wanna know ?

Comment ne pas t'énerver ? C'est la seconde fois qu'elle arrive en plein milieu, au milieu de vous deux. Cette amie dont tu es jalouse à en crever parce qu'elle passe du temps avec lui que toi, tu n'as pas eu l'occasion de passer, parce qu'elle est toujours là. T'as pas envie d'être sa priorité pour autant, mais t'as trop la sensation que ces sept ans loin l'un de l'autre vous ont éloignés. Ça fait presque un an que tu es revenue pour lui et pourtant les choses entre vous n'ont pas vraiment évolué. Amants fragiles et timides. Alors c'est vrai, tu as ton objectif, tes projets désormais et tu as bien conscience que tout ça te prend du temps mais... Mais tu n'arrives pas à accepter aussi bien que tu le voudrais qu'Archie puisse avoir refait sa vie.

En un an, tu es pleine d'incertitudes et encore plus blessée de l'avoir retrouvé sur tellement de plans que tu ne les comptes plus. Sauf que voilà plusieurs semaines que tu te refuses à lui parler, à lui donner signe de vie. Comment le pourrais-tu alors que tu as l'impression de toujours être reléguée en bas de sa todo list au profit de Perséphone qui, elle, est en top position, toujours ? Peu importe les nuits passées dans ses bras, t'as la sensation que tout le ramène toujours vers Perséphone. Bien entendu, t'es jalouse à en crever. Mais tu préférerais surtout qu'il soit honnête. Alors, à défaut de mieux, tu le fais pour lui et tu t'éloignes. C'était ce que tu étais prête à faire en revenant si ça avait été nécessaire. Alors pourquoi c'est si dur désormais ?

Perdue dans tes pensées, tu chemines dans Chinatown à la recherche d'herbes pour calmer tes nerfs. Les rues du quartier ont changé mais tu recommences à t'y habituer, même si trouver ce que tu veux peut être un véritable enfer. Petit sachet confié par l'herboriste avec quelques recommandations d'utilisation auxquelles t'as acquiescé avec un petit sourire en te disant qu'il ne t'a pas reconnue - lui n'a pas changé - puisque déjà à l'époque tu venais de temps à autres, appréciant davantage la saveur de ses thés que ses effets quels qu'ils soient. Désormais... tu comptes bien sur ces effets.

Prête à aller prendre un café, quand tu arrives à l'intérieur, tu manques de faire demi tour. Tu ne te rappelles pas de l'avoir vu déjà se promener dans un tel quartier mais soit. Il est trop tard pour enchaîner le mouvement vers la sortie et faire comme si de rien était. Figée dans une espèce de gène mêlée à un moment de battement où tu ne sais pas quoi faire, tu tu racles la gorge et fais un mouvement vers le comptoir, consciente qu'il se trouve dans le passage. Tes yeux se posent dans les tiens et l'espace d'un instant t'oublie carrément que tu lui en veux, sachant que c'est toi qui es le plus en tort.

- Salut Arch.

@Archie Hartwig

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Tic-tac tic-tac tic-tac l’horloge de la salle d’attente te malmène, comme celle de ton réveil t’a violenté ce matin. Tu sais pas qui est le connard qui a inventé la notion de temps, mais tu le hais. A cause de ce connard, non seulement t’es toujours à la bourre mais pire encore, les minutes te paraissent des heures et les heures des éternités, ta vie comme au ralenti depuis que Jo a décidé de te faire la gueule. Persephone ne sait pas combien tu lui en veux d’avoir tout niqué : envahissante jusque dans les derniers recoins de ton intimité, parfois, tu regretterais presque d’avoir fait une entorse à tes principes lorsque t’as accepté de bosser avec elle : le mode solo, ça avait toujours été ce que t’avais préféré. Pourtant, tu l’avais bien appréciée, la brunette. Comme une petite sœur d’une autre mère, pas de ta famille mais certainement de ton gang, tu comprends que Jo’ ait pu s’imaginer des choses qui pourtant ne sont pas réelles. Mais comment lui expliquer, alors même qu’elle refuse de t’adresser la parole ? Enfin du moins, elle n’essaie pas. Pour le refus, t’as peut-être un peu extrapolé, trop fier pour revenir vers elle alors que pendant sept ans, elle t’a abandonné. La revoilà partie, sévère coup dans ton estime de toi et ta confiance en générale. Tu ne parles pas de tout ça à Beck : c’est son taff, d’être le plus sentimental de vous deux, pas le tien. Toi, t’es toujours là pour le remonter, l’écouter, le conseiller. Mais t’es pas foutu d’avoir le recul nécessaire pour demander l’aide dont tu pourrais avoir besoin encore une fois : trop fier. putain d’orgueil qui te mènera probablement à ta perte, tu fais profil bas, quand le banquier appelle ton nom. Pourtant, tu sais que t’es sorti de ta merde, ça fait un bon moment que t’as pas été dans le rouge. Comme quand tu croises des flics, tu paniques, pas foutu de te dire que t’as fait partie de la maison ou, le cas échéant, que t’as rien fait.

Une demi heure plus tard, t’as fini le supplice. Tu sors de là aussi vite que tu ne sors ta cigarette de son paquet et tu l’allumes, marchant un peu au hasard des rues. Tu tombes sur un café. T’es toujours aussi véner et tu te dis que c’est sans doute pas sur ton frère que doivent ressortir tes frustrations et ta méchanceté. T’as pas envie de donner ce modèle à ta nièce, non plus. Tu décides de passer le temps dans un café, en attendant que ça passe, comme ces derniers temps. Tu laisses tes affaires en terrasse et pars commander un grand café aussi noir que ton seum. Tu payes et t’apprêtes à filer avec ton gobelet, mais tu t’arrêtes net, face à Johanne. T’aurais du t’en douter, que tu risquais de la croiser dans le quartier, ça faisait partie de ses habitudes, pour ce que tu t’en rappelle. T’es gêné, t’as envie de partir : elle est la raison, en partie, de ton besoin de t’isoler. Mais quand son regard se plonge dans le tien tu oublies. Un léger sourire penaud se dessine sur ton visage, tu sais pas vraiment sur quel pied danser « Jo’. » tu lui offres un signe de tête « J’peux t’offrir un café ou… quelque chose ? » aucune envie de faire semblant, surtout pas avec elle. Tu prends sur toi, bien résolu à tenter d’arranger les choses… ou au moins à discuter.

Ironiquement, la simple présence d'Archie arrive à faire voleter ton cœur dans une ambiance de plénitude, autant que la simple pensée de lui peut te le déchirer et le détruire en mille morceaux. Celui qui a inventé l'amour devait être sacrément défoncé pour avoir permis de tels écarts dans un seul sentiment. Seulement, t'en es au point où t'es plus sûre que ce soit de l'amour. Parce que si tu donnerais ta vie pour la sienne, si tu vendrais au diable ton bonheur pour que lui seul soit heureux, tu ne peux pas lui reprocher de ne pas avoir ce genre de sentiments à ton égard. La distance vous a plus éloignés que tu ne l'aurais cru, même si tu t'es retrouvée dans ses bras, de nouveau intime avec lui : ça n'a visiblement pas suffit à remplir cette confiance en toi, cette confiance en vous que tu aurais dû avoir.

Alors pourquoi ?

La vraie question à se poser, c'est plutôt de savoir si tu penses vraiment que Persephone aurait pu te laisser dans un tel silence, dans une telle ignorance. En vérité, tu n'arrives pas à envisager qu'une de tes plus proches amies en soit arrivée là, mais tu ne peux pas assurer qu'Archie, lui, n'ait aucun sentiment pour elle. Depuis que t'es revenue, t'as la sensation que son ombre est toujours entre vous et c'est ça qui te fait le plus mal. Ça et le fait que tu aies cette sensation désagréable qu'il se cache plus à lui-même ses sentiments qu'autre chose. Quant à la jalousie, elle te ronge le cœur et l'âme et tu n'aimes pas cette terrible sensation. Mais tu fais avec, comme toujours.

Pourtant, face à toi, tu n'arrives pas à lui en vouloir de ne pas t'avoir choisie toi, parce que quoi qu'il en dise c'est véritablement comme ça que tu le ressens. Le simple fait qu'il soit là, et que tu ne lises pas de colère sur son visage alors que c'est toi le problème ici, ça soulage tes peines et panse un peu tes blessures. Cette putain d'ironie du sort. Ses yeux noisette te laissent te perdre avant que sa voix ne te ramène sur Terre. Tu te mords la lèvre un instant. Est-ce que c'est une bonne idée ? Et pourtant, même si t'es pas sûre d'avoir cette envie de discuter et de te ramasser le même mur encore et encore, que ne donnerais-tu pas pour quelques minutes volées, à passer avec lui ?!

- Si tu veux, oui. Tu essaies de lui sourire comme tu peux, mais en vérité tu crèves de peur malgré tout. Tu lui as laissé de l'espace volontairement pour qu'il fasse le point avec lui-même. Et même si c'est pour cette raison là que t'es restée à l'écart, t'as tellement peur d'entendre la suite.

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Tu ne sais pas quoi dire, encore moins quoi penser. Tout ce que tu sais, c’est qu’à te retrouver devant Johanne, t’as plus toute ta tête et 27 ans à nouveau. Tu replonges dans tes doutes et tes défauts, les mêmes avec lesquels elle t’a connu, mais desquels tu t’efforces de te décoller. Pas tous les jours facile : on prend les mêmes et on recommence. Tu comprends pas tout ce qui s’est passé et t’as un sentiment d’injustice. Parce que t’as passé sept ans à l’attendre, t’as cru la retrouver et voilà qu’elle était de nouveau partie. Parfois, tu venais à t’en demander si cette fille n’était pas un mirage, une élucubration de relents de weed que tu fumes à la fenêtre de ta chambre lorsque tu peines à t’endormir. Mais la weed n’aurait pas pu inventer l’anneau de métal accroché autour de ton cou en permanence. Ça te rend dingue. Ça te rend dingue d’autant plus parce que tu crois avoir compris ce qui s’était passé et ça te foutait la rage. Pas que tu regrettes d’aider Perse, mais parfois, tu te disais que t’en faisais bien plus pour l’aider que pour t’aider toi. Et en ce qui concernait le renvoi d’ascenseur… en vrai, tu n’avais même pas le droit de te plaindre, tu te refusais à demander de l’aide. Paradoxal, quand même… mais tellement fréquent, selon ta psy. Tu soupires et commandes un second café, de ceux que Jo’ avait l’habitude de commander il y a encore quelques années et une fois le gobelet en ta possession, tu lui tends « on se pose dehors ? » que tu proposes en te demandant encore à quelle sauce tu vas être mangé. Tu finis par t’asseoir à la table que tu avais repérée quelques instants plus tôt et prends ton café entre tes mains. Tu ne le lâche pas, pour la simple et bonne raison qu’il occupe tes mains. T’aimes pas être aussi nerveux, surtout après que tes nerfs aient déjà été mis à rude épreuve par le rendez-vous chez le banquier. Tu mords ta lèvre inférieure, un peu tendu et coupes ton téléphone : Cette fois, tu ne veux pas que les choses partent en cacahuète, pas encore. Désolé Perse, mais tout, absolument tout peut attendre : quand tu es avec Johanne, rien n’a d’importance, et tu déplores que de son côté les choses ne soient pas vécues ou comprises de la même manière. Putain, voilà que tu te mets à nuancer et faire la part des choses comme te l’a aussi conseillé ta psy. Erk. T’es pas encore réellement prêt à accepter qu’t’es allé chercher de l’aide. Mais pour Jo’, tu pourrais faire n’importe quoi.

Silence installé, il fait partie des rares qui ne te mettent pas mal à l’aise. Au contraire, avec ta blonde, ils sont confortables. Mais ce que tu t’apprêtes à dire, en revanche, te pousse dans l’inconfort « Alors, heum… ? On en est où… ? » Archie Hartwig, professionnel des pieds dans le plat depuis 1985.

L'idée d'un café avec lui te met dans un état tel que ton cœur s'accélère encore et encore. Bordel, Johanne, lâche prise. Cesse donc de te faire du mal, parce que c'est tout ce que tu fais. Tu dois le laisser partir, au moins pour qu'il cesse de se voiler la vérité sous prétexte que tu es revenue. Tu préfères qu'il se secoue plutôt qu'il se rende malheureux. Toi, l'idée de ne pas être avec lui te rend malheureuse dans tous les cas, donc en ce qui te concerne, c'est peine perdue : qu'il se voile la fasse en restant avec toi par dépit ne te rend pas heureuse non plus, donc à quoi bon ?

Pourtant, tu souris quand il commande ton café : bien noir et serré avec une touche de caramel. Pas forcément le délire de tout le monde, mais le tien et ça n'a pas changé depuis. Bien que le caramel en France t'ait paru bien fade. Sans doute aussi parce que tu n'as vraiment pas apprécié l'hexagone et encore moins son sud sans sa main dans la tienne.

- Je pensais que tu aurais oublié, dis-tu en parlant de ton café pendant que tu le saisis. C'est con. Mais t'as tellement l'impression d'être l'intruse dans tout ça que ça t'aurait paru normal qu'il te mette simplement dans les cachots obscurs de son esprit. En fait, c'est même ce qui aurait dû arriver. Tu acquiesces. Dehors, ce sera très bien. Et devant la table où il s'arrête, tu t'assois, pas vraiment certaine que ce quasi face à face soit l'idée du siècle, trop inquiète de tout ce qu'il pourrait te dire.

Tu manques de tiquer en le voyant prendre son téléphone, sans même remarquer qu'il l'éteint, persuadé qu'il a encore reçu un message auquel il s'efforce de ne pas répondre pour ne pas trop t'irriter. Peut-être qu'arrêter de vous faire souffrir une bonne fois pour toute et retirer ce pansement sur l'hémorragie que tu crains de voir quant à votre relation serait la solution ? Mais bordel, tu n'es pas capable de faire ce choix pour lui.

Alors tes yeux clairs viennent de nouveau chercher ses iris noisette qui, d'après toi, sont les plus beaux que tu n'aies jamais vus. Et tu chasses cette pensée en déglutissant difficilement, aussi secouée par sa question. Tu inspires profondément avant de répondre, à mi-voix.

- J'en sais rien, Arch. Je sais qu'il s'est passé certaines choses depuis mon retour, vaguement, l'idée de vos peaux nues l'une contre l'autre, de vos baisers, de vos moments volés te revient en tête et t'essaies de les chasser, mais ça ne sert à rien si ce n'est pas là où tu en es. Le temps a passé et je savais en revenant que c'était une possibilité. En un coup d’œil, tu remarques ses sourcils légèrement froncés, mais il attend visiblement que tu aies fini pour continuer. Alors tu continues. Que tu me mentes, passe encore, mais que tu te mentes à toi-même sur tes sentiments, c'est inconcevable. Ne t'efforce de rien avec moi si les choses sont plus simples avec Persephone. Sans t'en rendre compte, ta mâchoire s'est un peu serrée et tes yeux se sont baissés, barrière de protection pour retenir les larmes et les sanglots qui te menacnet.

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Comment t’aurais pu oublier ce qui, pendant un temps t’a fait émerger le matin d’un parfum agréable ? Comment oublier le goût de caramel posé sur ses lèvres quand vous vous embrassiez ? Il aurait fallu que tu prennes plus d’un coup sur la tête, et par chance, c’était le cœur, qui avait été visé : rien à voir avec la mémoire. Alors non, tu n’as pas oublié. Tu passes une main rapide dans son dos et lui adresses un sourire amusé « oublier ? N’importe quoi. » Tu finis par t’installer face à elle et tires une cigarette de ton paquet ; cigarette que tu allumes. Tu ouvres la discussion, mais pour autant, tu la laisses évoquer ce qui pour elle a posé problème : pas que tu ne comprenne pas, mais tu veux être certain de ne pas avoir extrapolé. Ses yeux une nouvelle fois dans les tiens, t’as l’impression qu’elle sonde ton âme, mais venant de Johanne, ça ne t’effraie pas : tu sais ce que tu ressens pour elle, quand bien même t’es pas foutu d’aligner deux mots quand il s’agit de lui parler d’amour : on t’a toujours dit que les gestes valaient plus que les mots, et tu trouvais cet adage des plus censés. Tu l’écoutes, prends une gorgée de ton café que tu reposes aussitôt. Instantanément, les souvenirs des moindres moments passés avec elle depuis son retour te reviennent en mémoire. Putain c’qu’elle me manque que tu penses fortement. Tes mâchoires se serrent, t’es surpris par ses mots. Pour le coup, toi qui pensais avoir saisi, t’es bien loin du compte. « attends attends… quoi ? Jo’, qu’est ce qui te fait croire que je ne suis pas là ? J’suis avec toi ! J’t’attends ! J’ai été clair, non ? Je te l’ai toujours dit ! J’sais que quand on s’est rencontrés, j’avais rien à faire d’une histoire avec qui que ce soit. Mais on a fait nos preuves, non… ? » et par « on », tu veux clairement parler de toi. Tu soupires. Ca t’agace autant que ça te fout un coup, c’est paradoxal : t’as jamais été aussi sincère avec qui que ce soit qu’avec Johanne. « Dis pas n’importe quoi, Jo’ ! J’ai jamais été aussi sincère qu’avec toi ! Je sais que je le dis jamais. Mais les sentiments que j’ai pour toi, ils sont là. » tu pointes ton torse du doigt et ouvres de grands yeux avant d’échapper un rire lorsque tu comprends « attends quoi ? T’as quand même pas cru qu’avec Perse… ?! Naaaan ! » tu chasses l’air d’un signe de la main tant t’es incrédule « ma puce… t’as rien à craindre. Perse, c’est juste une amie. Elle a commencé au poste l’année où j’ai arrêté, j’lui ai appris les bases et de fil en aiguille… c’est un peu comme la petite sœur qu’on a jamais eu avec Beck. Tout va bien, t’as rien à craindre. je suis désolé. Je l’ai laissée envahir notre espace. » tu prends sa main et déposes un baiser dessus « Y’a que toi, que j’aime, n’en doutes jamais. »

Du mal à retenir ce sourire à l'idée de ne pas être que cette ombre au tableau, ce souvenir un peu flou et brouillé par l'antenne de communication qui n'a, hélas, pas fonctionné tout ce temps, ou alors uniquement avec de l'encre et du papier, rien de plus. Même si ça ne dure pas longtemps, la chaleur de sa main dans ton dos t'a un peu détendue et, même lorsqu'il l'enlève, tu sens encore cette chaleur qui déjà te manque. T'as froid là où tu la sentais autant que ce que ton cerveau s'efforce de te la remémorer.

Archie et toi, vous avez tendance à communiquer dans les engueulades, même pour vous dire les belles choses de votre relation. Relation tout feu tout flamme qui, même quand tu dis encore que vous "avez l'habitude", n'aurait pas dû survivre à quoi que ce soit. Même pas trois ans de relation et sept d'éloignement. Qui est supposé survivre à ça ? Sans doute pour ça que t'es loin d'avoir vécu ce temps éloignée de Londres.

Tu baisses les yeux, un peu honteuse quand il te répond, ne t'efforçant pas de répondre tout de suite, le laissant finir ; le couper serait irrespectueux là où lui a fait l'effort de t'écouter jusqu'au bout. Tu poses ta main sur son biceps un instant et la serre en guise de pseudo réconfort.

- Oui, bien sûr. Oui ! Merde, mais dans quoi tu t'es lancée ? Bien sûr qu'il a fait ses preuves ! Que vous avez fait vos preuves ... ? t'es pas certaine de ce qu'il voulait entendre ici. Ton cœur vit ses plus grandes montagnes russes. Et je t'aime. De tout mon être, Archie. Vraiment. Tu marques une pause, un instant. Ces mots, tu les dis pas souvent mais tu les penses à chaque fois que ta main frôle la sienne, à chaque sourire échangé, à chaque regard complice. Alors de quoi tu doutes, Johanne ? Mais je ne veux pas que tu te voiles la face pour une relation qu'on a passé plus de temps à entretenir à l'écrit qu'à vivre, tu comprends ? Que tu te réveilles un jour en réalisant que c'est un simple écran de fumée et que tu avais mieux ailleurs. Avec Persephone. Et puis... et puis tu te sens conne. Parce que Persephone, tu la connaissais d'avant, il le sait vaguement, même si elle n'a jamais vraiment été au cœur de vos discussions depuis ton retour. Si ses paroles te font l'effet d'une bombe de chaleur un peu dans tous le corps, tu ne peux pas t'empêcher de pencher la tête sur le côté, un peu incrédule. Ces signaux, tu ne les as pas manqués quand même, si ?

- ... V-vraiment ? Je veux dire... tu disparais chaque fois que tu reçois un message ou un appel d'elle et quand tu reviens, si tu le fais... t'es complètement différent. Tu blanchis en réalisant l'aveu que tu t'apprêtes à faire. Et elle m'a parlé de toi. Elle m'a parlé de ses sentiments pour toi, même si elle ne t'a pas nommé à voix haute...

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T’es toi même étonné du calme dans lequel t’arrives à rester. Toi qui en arrivant étais à deux doigts de tout retourner, t’es anormalement tranquille. Tu sais que ce n’est pas en montant dans les tours, que vous allez vous entendre. Tu n’en as pas envie pour cette fois, vous en avez trop souvent fait les frais, quand bien même il s’agissait de se dire de simples « je t’aime » : cette fois, tu ne voulais pas que ça se termine dans les bris de vaisselle. Ta main vient se poser doucement sur la sienne que tu caresses de ton pouce et tu lui adresses un sourire « tu crois vraiment qu’un type qui n’en a rien a foutre ou ferait semblant garderait ça autour du cou nuit et jour de peur de le perdre ou de l’abîmer ? » tu sors ton anneau métallique de sous ton haut et soupires « Jo. Qu’est-ce que tu me fais là, hein ? Tu sais très bien que je ne suis pas du genre à faire semblant. Si les choses ne me conviennent pas, je suis le premier à y mettre un terme, j’suis pas du genre à souffrir pour le plaisir. Et si ça me convient… c’est parce que c’est toi, que t’es de retour ! J’en ai rien a faire de Perse ! Enfin pas dans le sens où tu le crois ! » tu sors ton téléphone que tu rallumes « je ne supprime jamais mes messages. Vérifies, si ça peut te tranquilliser. Je n’ai rien à te cacher. Si j’suis différent quand je reviens c’est juste… J’en sais rien. J’essayais juste de séparer notre vie de celle du poste. Je la conseille. Je la tire de merdes dans lesquelles elle se met parfois. Elle est prometteuse, mais elle est trop téméraire. Ca lui portera tort, un jour. » tu hausses les épaules, tires sur ta cigarette et déverrouilles ton téléphone que tu lui tends « tu peux aller lire nos conversations. Tu verras qu’on y parle uniquement de ce que je viens de te citer. Et si t’as encore des doutes, lis aussi notre conversation avec Beck. Ca devrait les lever une bonne fois pour toute. » T’aimais pas particulièrement le petit jeu de la mise à nu, mais si ça pouvait clore la discussion, tu foncerais les yeux fermés. « attends quoi ? Non. C’est im-po-ssible. Elle t’a dit quoi, exactement ? Aux dernières nouvelles, elle était avec une petite frappe, un latino, brun, un p’tit con. J’ai appris par mes anciens collègues qu’il avait quitté la ville. T’es sûre qu’elle te parlait pas de ce type plutôt ? » Perse et toi ? T’avais beau apprécier la gamine, elle ne restait à tes yeux qu’une enfant, jeune adulte que t’avais aidée et qui avec le temps était devenue ton amie, rien de plus. Imaginer quoique ce soit d’autre te faisait autant marrer que ça ne te foutait la gerbe, pour être honnête.

Tu n'es plus sûre de rien. Tu préfèrerais limite que ce soit violent si c'est ce qui doit être pour juste mettre fin au supplice. Mais chaque parole qu'il te dit est une douce mélodie pour tes oreilles et tu as la sensation d'une douce bossa nova réconfortante chantée au coin du feu. Même si tes montagnes russes émotionnelles s'effondrent vers la gravité plus vite qu'autre chose, elles remontent avec l'effervescence et la ferveur auxquelles tu t'accroches à ses paroles. Pathétique, peut-être, mais amoureuse comme jamais. La preuve étant que vous aviez survécu à un peu plus de deux fois votre couple en terme d'absence.

Tu le regardes, les yeux brillants de l'envie de pleurer liée à la perte de le perdre tout, comme de ce que chaque parole provoque en toi. Cet anneau stupide que tu n'as pas lâché pour autant, malgré ta volonté de l'ignorer le temps qu'il fasse son point, persuadée qu'il doit le faire que tu as été, et que tu es sans doute encore un peu. Stupide, peut-être, mais dont la valeur n'a aucun prix existant sur terre à tes yeux. Ta main s'accroche à la sienne. Tu l'as bien remarqué dans vos moments rien qu'à vous, accroché à son cou. T'as parfois joué avec, et chaque fois ça t'a remuée. Pourquoi tu fais ça et qu'est-ce que "ça" est ?

Tes joues sous le joug de l'embarras, tu baisses les yeux et le ton d'encore un cran.

- Je sais bien comme tu es. C'est bien pour ça que je t'ai dit oui la toute première fois. Petit sourire quand tu te rappelles ce premier date autour d'un hamburger après des semaines à trouver des excuses toutes plus stupides les unes que les autres pour refuser. Mais ce n'est pas parce que de mon côté tout ce temps n'a été qu'une majeure mise en pause de ma vie que ça signifie que c'est le cas de tout le monde, tu comprends ? Pourtant, ton langage corporel a totalement changé, moins incertain. Tu secoues la tête. Tu le laisses parler jusqu'au bout, mais ne touches pas à son téléphone pour autant. Tu sais très bien que c'est pas ce que je veux. Ni ce que je veux dire. Je t'accuserai pas de ça. Vous êtes beaucoup trop francs l'un comme l'autre pour cacher vos jeux derrière ce genre de manque de confiance. C'est de ce qu'il y a dans ta tête et dans ton cœur dont j'ai le plus peur. Je ne doute pas de toi, juste de tout ce qui nous a séparé pendant tout ce temps. Tu peux penser quelque chose à l'instant et te rendre compte que tu as tort, tu vois ? Même toi, en le disant à voix haute, tu réalises comme c'est stupide. Mais qui a dit que les craintes et les peurs sont toujours rationnelles ?

Tu te mords la joue. Te serais-tu méprise ? Ça ne te paraît pas logique.

- Je ne sais pas, elle ne m'a pas donné de nom... j'ai pensé que... T'as pensé, et sans doute à tort, que c'était pour ne pas te faire de peine. Parce qu'Archie dans la conversation, elle t'avait assuré qu'elle t'aurait informée s'il était mort mais que, pour un coma, ça vaaaa. Enfin, non, tu extrapoles. Mais vous avez compris l'idée dans cette tête blonde, là.

Tu finis par relever les yeux vers lui et serrer un peu plus sa main de la tienne, venant poser l'autre par dessus. Tu te sens très con. Mais putain ce que ces sentiments dévastateurs pour lui te font de plus en plus peur d'avoir à tout lâcher pour qu'il soit heureux.

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Tu prends une grande inspiration, mais tu te sais nerveux : ta jambe qui frétille, sans repos, trahit ce que tu essayes pourtant de canaliser. T’as pas envie d’une nouvelle dispute. Tu sais pertinemment que si cette fois vous vous fâchez, la situation ne pourra très probablement pas être rattrapée : t’en as aucune envie. Alors t’essayes, pour la première fois depuis son retour, d’être calme, pédagogue : surtout ne pas tomber dans vos vieux travers qui, s’ils soulagent sur le coup vous déchirent chaque fois un peu plus. Ta main se niche un peu plus dans la sienne, tu caresses sa peau du bout des doigts et tu secoues la tête. Tu comprends. Ce que tu prenais pour de la jalousie mal placée n’est en fait, peut-être, qu’un avatar de sa trouille. Tu essayes de ne pas l’angoisser d’avantage et mordilles ta lèvre inférieure « Jo. Si ça avait été le cas. Si j’avais cherché quelqu’un entre temps, j’aurais eu tout le loisir de te l’annoncer, tu crois pas ? J’avais aucune envie d’avoir quelqu’un d’autre que toi. Et encore. « avoir. » « être avec », serait plus correct comme mot. Tu dis que je suis libre ? C’est pareil pour toi, Johanne. Je suis heureux tant que tu l’es, et si c’est pas avec moi... » tu hausses les épaules « j’ai jamais arrêté de penser à toi, Jo. Même à l’hosto, t’as été ma plus grosse motivation à en sortir… J’ai pas toujours les mots – jamais : j’suis un handicapé du « je t’aime », je sais. Et j’veux pas que ça te rende malheureuse. Je comprends ce que tu dis. Mais je te promets que tu te trompes ma Jo’. » et à ses mots tes mâchoires se serrent « Je suis certain que c’est pas de moi dont elle te parlait. Et même si c’était le cas, ça la regarde, non ? On s’en fout : j’ai pas envie de niquer notre relation pour un malentendu, surtout si c’est te mettre en compétition avec elle, j’t’assure. T’as rien à craindre. Et si tu veux tout savoir, c’était pour être certain qu’elle ne nous dérangerait pas, que j’ai éteint mon téléphone. » bien que pour être tout à fait honnête, ça fait maintenant un petit moment, que tu n’as plus aucune nouvelle de Persephone. Tu peux pas lui en vouloir, tu lui en as pas demandé non plus : le temps passe à une vitesse que tu réalises même pas. « eh, tu sais quoi ? Viens, on passe la soirée ensemble. On coupe les téléphones, on s’en fout du reste. T’en pense quoi ? »

Et pourtant... C'est pas parce que tu préférerais que ce soit violent comme explication que tu prends la peine de laisser la conversation se diriger vers ça. Au contraire. Tu réalises à chaque mot qu'il dit que la douceur qu'il prend, et dont t'as pas toujours l'habitude avec lui ou alors juste dans les moments où tout va bien et où il n'existe plus personne d'autre que vous deux, juste vous.

Plus il te rassure et plus tu es partagée. Deux sentiments distincts : la peur de quand même froisser ce qu'il y a entre vous, qui creuse tes incertitudes autant qu'elle les ébranle, et le sentiment d'être soulagée d'entendre de sa bouche un écho de tes propres émotions et de tes sentiments.

Tu secoues la tête comme pour réfuter ses paroles. Tu ne te sens pas libre. Pas parce que tu ne l'es pas, bien au contraire, mais parce que tu ne veux pas l'être, surtout si être libre signifie passer plus de temps que ce que ce n'a déjà été le cas sans lui. Prisonnière du choix de ton père plutôt que de condamner ta sœur, toi-même geôlier pendant un temps, libérée seulement pour mieux le choisir.

- Mais je suis heureuse rien qu'à la simple idée d'être à proximité de toi, Arch... murmures-tu au plus bas possible pour ne pas lui couper la parole. Ta plus grosse motivation à vivre ce temps loin de lui, que tu n'aurais pourtant jamais envisagé durer aussi longtemps, c'était de le retrouver. Mais tes craintes, qu'elles soient envers lui ou envers ton père, d'ailleurs, t'ont empêchée de bouger, avec le temps.

Te rendre malheureuse ? Tu pars du principe que tu ne pourras jamais l'être autant qu'à une mer et de nombreuses terres d'écart. Et comment pourrais-tu l'être en entendant sa tentative un peu désespérée de te rassurer ? Cette quasi tentative de déclaration qui vaut autant que son "oui", des années auparavant, devant la tamise, bien que ça n'ait pas vraiment concrétisé quoi que ce soit d'autre que cet accord tacite entre vous.

- C'est vrai ? que tu demandes, comme incrédule, tout en sachant très bien qu'il ne te l'aurait pas dit sans ça, le sourire retrouvé sur ton visage pâle. Tu laisses quelques secondes de battement avant d'inspirer et de finalement lui répondre. Je suis heureuse tant que tu l'es, Archie. Ta main rejoint vite fait sa joue que tu caresses tendrement. Si en plus j'ai l'opportunité d'être avec toi et de te dire combien je t'aime, ce n'est que du bonus.

Tu lui adresses un petit sourire. Avec vos deux caractères de feu, ce genre de déclarations se fait généralement avec beaucoup de ferveur, et pas toujours positive, mais tu n'as pas vraiment eu la force de te battre avec lui, lui faire des reproches là où tu t'étais résignée. Alors, après ça, ton sourire s'agrandit encore un peu.

- J'en pense que c'est une bête d'idée. Juste toi et moi.

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Tu sais pas comment tu fais pour, pour une fois, ne pas t’énerver. Pas que t’aimes quand c’est la merde, mais en toute honnêteté, tu n’es pas franchement la définition même de la patience : pour toi, c’est tellement évident que Johanne se fait des idées que ça pourrait avoir le don de t’agacer, venant de quelqu’un d’autre : clairement, il n’aurait pas été étonnant de te voir monter sur tes grands chevaux. Mais devant elle, tu comprends que ça vaut la peine de prendre sur toi : tu l’avais attendue sept ans, tu pouvais, pour une fois, mettre ton égo au placard, non? Tu te concentres, prends des pincettes dont tu n’as pas l’habitude. Tu imagines ce que Beck pourrait balancer comme mièvreries : t’as beau te foutre de lui, tu sais qu’il est bien plus dans le vrai que toi : lui au moins, sait régler les conflits sans exploser. Tu lui as jamais dit par fierté mal placée, mais tu l’envies, quelque part. Tu sais que si ses relations ont volé en éclat, ce n’est pas faute d’efforts et de travail de sa part.

Tu sais plus quoi dire. Tu sais même pas si continuer à parler est une bonne idée, ou si, à l’inverse, t’es censé te taire, là, maintenant. T’es pas serein. Tu flippes et tu te dis qu’il n’y a que Jo’, pour pouvoir te mettre dans un tel état : jamais tu t’étais mis à cogiter autant pour une femme… Seulement voilà : c’était pas n’importe laquelle, pas « une », mais bien la tienne, de femme, aussi cliché que ça soit. T’as envie de te claquer, à te voir aussi nian-nian que Mika et ses putain d’arc-en-ciel, dont t’étais certain qu’il devait se passer des trucs pas nets, entre eux. Jo’ a beau murmurer, t’es certain d’avoir entendu correctement. Ton coeur rate un battement, un frisson te prend tout le corps : t’as l’impression d’être là où tu dois être, d’appartenir à un endroit, à quelqu’un d’autre qu’à ta famille, celle du sang. Sentiment vertigineux, ta main serre doucement la sienne, ta gorge se serre. Tu comprends que c’était pas de la vanne, que vous vous êtes attendus, vraiment. C’était tellement évident pour toi toutes ces années que t’avais même pas pris le temps de comprendre ce que ça voulait dire, ce que ça impliquait et ça te laisse sans voix, maintenant que tu sais. Tu as l’impression d’une clarté comme on en fait plus, d’une évidence encore plus forte que celle qui flottait dans ton crâne : tu sais ce qu’il te reste à faire et aussi con que ça paraisse, tu vous imagines vieux, main dans la main, à ressasser les moments de joie ou de colère, lointains souvenirs… Ton inconscient était-il en train de te faire passer un message ? Sans doute. Tu t’en occupes pas : chaque chose en son temps, et t’as déjà tellement à assimiler en quelques secondes que tu as l’impression que tout passe à une vitesse de dingue. Tu te racles la gorge et lui adresses un sourire « hey. Bien évidemment, que c’est vrai. J’suis heureux tant que t’es là. J’ai aucune intention de changer ce qu’on a. On s’est promis de rester ensemble, t’es la meilleure chose qui me soit arrivé, Jo’. » la déclaration à son max, tu te désespères. Tu imagines la claque de ton frère derrière tes oreilles pour cette incapacité à dire ce que tu ressens, qui pour être honnête à trois-cent pourcents serait totalement légitime. Tu finis ton café et hoches la tête « meilleur programme qui soit. On y va ? » que tu lances dans un sourire. Tu envoies un message à Beck, histoire de savoir s’il est à la maison, ce qui changerait potentiellement votre champ des possibles.

Ton coeur bat la chamade rien qu'à l'idée d'être aussi près de lui. Bien entendu, il s'accélère à chaque fois que votre proximité se réduit un peu plus. C'est complètement fou. De ta vie, t'as peut-être eu d'autres mecs avant lui, toujours pour rendre tes parents un peu plus fous, il n'y a qu'avec Archie que tu as ressenti ce que l'amour représentait vraiment. Avec un grand "a" qu'on dit. Mais c'est encore plus que ça. Et si la jalousie t'a consumée, c'est uniquement par peur de le perdre alors que tu es prête à ce qu'il te dise un jour ne plus t'aimer et ne plus vouloir de toi. Tant que c'est dit clairement. Tant qu'il y a des raisons. Et tant qu'il est heureux.

Complètement indescriptibles, ces sentiments qui remplissent ton coeur si fort que tu ne sais pas s'il s'agrandit au fur et à mesure ou s'il est au bord de l'éclatement. Tout ce que tu sais, c'est que, quelque part, t'as eu besoin de ces éclaircissements, même s'ils remplissent bien plus que les cases que t'imaginais cocher.

Tu te rapproches un peu plus de lui, profitant d'avoir eu la brillante idée de ne pas t'asseoir en face de lui, pour te rapprocher de lui et poser tes lèvres sur les siennes.

- Et toi la meilleure qui m'est arrivée. Et je t'aime. T'as pas besoin qu'il te retourne ces mots. Tu sais qu'il a du mal avec ça. Tout ce qu'il t'a dit te suffit bien plus qu'un simple je t'aime, ou un moi aussi.

Tu acquiesces et attends qu'il ait fini de redémarrer son téléphone et envoyer son SMS pour te lever.

- Bien sûr. On va chez toi ou on loue un vieux film tout pourri à l'hôtel ?

@Archie Hartwig coeur

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T’as encore du mal à réaliser tout ce qui vient de se passer. De risques de s’entre-tuer ou presque – tu sais que tu as tendance à l’exagération, voilà que vous vous jetiez dans les bras l’un de l’autre. D’une situation comme celle là, t’aurais eu tendance à rire. Surtout si tu l’avais vue à la télé ou lue dans un de ces bouquins débiles qui sortent de tu ne sais pas vraiment où, mais qui traînent chez toi. Peut-être à Jo ? Laissés traîner ici ? Ou à Layla, que Beck n’aurait pas eu le coeur à jeter ?? Tu commences à douter. Putain, ça ne serait pas à lui, quand même ?! Amusé à cette idée, tu reportes toute ton attention sur Johanne, celle que tu considères comme ta femme, et avec qui t’as bien l’intention que ça se concrétise, un jour. Tu la serres contre toi et prolonges, ému, le baiser qu’elle t’offre. Tu souris contre ses lèvres et tandis que tu te défais à regrets de son étreinte, tu rallume ton téléphone et comme un ado, tu demandes à ton frère si la voie est libre : tu l’aimes, Beck. Mais t’as pas l’intention qu’il soit là pour tenir la chandelle entre vous, ou que Ciera ne vienne embêter son oncle toute la soirée : t’as d’autres plans qui se résument en une seule personne : Jo, Jo et seulement Jo. Heureusement pour toi, Beck a décidé d’aller bosser à l’atelier d’un ami, ce soir. Ciera, qui commence à adorer le dessin comme papa et tonton a tenu à venir. Probablement parce que voir renverser des pots entiers de couleurs vives sur des toiles, ça a quelque chose de magique : ça l’est pour toi, alors pour ta nièce… t’imagines bien. Tu relèves les yeux sur ta blonde et tu souris, rangeant ton téléphone au fond de ta poche. Cette fois, t’as bien fait gaffe de le laisser en silencieux. « mon frère n’est pas à l’appart, ce soir. Sa fille non plus : escapade d’artistes. Pas que l’hôtel ne me tente pas, mais je crois que ma dvdthèque se respecte plus que les films à la demande du service de l’hôtel, de ce que j’en ai vu l’autre soir. Ça te tente ? » ta main se glisse dans la sienne, et tu réprimes un rire « promis. J’ai même réparé la fuite, on sera au sec, cette fois. » Quel romantisme, Archie. Une chance que Jo t’apprécie pour toi et pas pour tes tentatives de phrases plus pétées les unes que les autres… mais au moins, t’essayes.

C'est fou ce que quelques mots, si simples et pourtant si profonds, peuvent provoquer. En l'espace de quelques minutes, envolés les doutes et les peurs. Ses lèvres sur les tiennes et t'en perds totalement le nord. Mais te perdre contre Archie, c'est loin d'être un quelque chose qui t'effraie, bien au contraire. Tu pourrais te retrouver dans un désert de sable comme un désert glacial que tu t'en foutrais tant qu'il est là. Bref. Tu attends donc sagement qu'il s'informe sur son téléphone et lève les yeux vers lui, attendant que ne tombe sa réponse.

Tu t'efforces de rire jaune. La vérité c'est que t'es quand même ravie de cette solution.

- Parfait. C'est quand même plus cosy chez toi qu'à l'hôtel, j'en conviens. A vrai dire, t'as hâte de le quitter, cet hôtel, pour ouvrir le tien, déjà, mais aussi et surtout parce que ça signifierait que t'as trouvé un chez toi où il fait bon rester. De préférence chez celui dans la main duquel la tienne se trouve. Tout me tente tant que je n'ai pas à rentrer toute seule, affirmes-tu en sous entendant clairement "pas sans lui". Tu ricanes. Au moins ça ! Faut vraiment que tu appelles un plombier, Arch. Sinon je vais devoir m'y coller et on sait tous les deux qu'aucun de nous ne veut voir Jo la bricole.

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Jo tout contre toi, t’as impression presque nunuche que rien ne pourrait arriver de mal. Pourtant, t’es bien placé pour savoir que la vie sait se foutre de ceux qui l’habitent sans retenue. Il n’y a qu’a voir toutes les saloperies qu’elle vous a servi, à ton frère et toi, de la naissance jusqu’à aujourd’hui et probablement celles à venir. Tu déposes un baiser sur son front et réprimes un rire « rien n’oblige que tu restes indéfiniment à l’hôtel, tu sais ? » tu lui adresses un clin d’oeil. Tu sais que la colocation avec ton frère c’est sans doute pas la vie qu’elle espérait, mais tu sais aussi que vivre dans un hôtel peut être lourd. « ça nous fait un point commun. Pour être honnête, je ne comptais pas rentrer sans toi non plus. » tu lui adresses un sourire et éclates finalement « dis tout de suite que je m’y prends mal ! Ton père avait pas l’air convaincu ceci dit, quand je l’ai croisé au magasin de bricolage. » Si ça t’a mis en colère quand cette discussion a eu lieu, aujourd’hui ça t’amuse : vous ne vivez définitivement pas dans le même monde, lui et toi et c’est sans doute mieux comme ça. Tu imagines soudain la tête qu’il ferait en apprenant la profession de ta mère. Deux salles deux ambiances. Tu mordilles ta lèvre inférieure et arques un sourcil « peut-être que j’aurais bien envie de la voir, moi, Jo la bricole ? » deux calamités s’improvisant plombiers, ça ne pourrait pas être pire ! Après tout, Mario et Luigi s’y sont essayé avant vous et sont devenus des superstars !

Tu lui souris.

- Je sais bien. Et j'aime beaucoup ton frère. Mais je ne me vois pas te retrouver avec du monde autour. Sa gamine, à Beck, elle est adorable. Mais les deux ou trois fois où tu les as trouvés à l'appartement, t'étais un peu gênée quand même. Ne serait-ce que par l'obligation d'enfiler un jogging et une veste.Tu poses ta tête sur son épaule. Est-ce que c'est une invitation à chercher un logement avec toi, cependant ? t'es pas sûre qu'il ait envie de quitter son appart. Même toi tu voudrais pas tellement tu le trouves sympa et cosy.

Tu lui souris, ravie de savoir que vous êtes sur la même longueur d'ondes.

- Tant mieux. Ç'aurait été gênant.

Tu éclates de rire.

- C'est pas ce que j'ai dit. Mais t'es pas un pro non plus. tu ne relèves pas vraiment la partie sur ton père. Ça te fait déjà trop grincer des dents. Tu grimaces. Non, je crois pas. Jo la bricole, la seule chose de bien qu'elle sait faire, c'est enfiler sa salopette. Pour le reste, on repassera.

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Tu ne dis rien. Tu comprends. Combien de fois, tu t’es senti de trop, lorsque tu tenais la chandelle entre Layla et ton frère ? Tu te doutes que Jo n’est pas totalement à l’aise avec votre colocation. Peut-être même que parfois, Beck aimerait être ailleurs plutôt qu’entre Jo et toi. Voilà pourquoi tu privilégies les soirs où Ciera et lui s’absentent pour proposer à Jo de venir. A l’inverse, tu passes chaque soir que tu peux à l’hôtel avec elle. Mais tu es conscient que cette situation ne pourra pas tenir sur du long terme. Ça te fait chier. Tu te sens pas capable de choisir entre tes deux piliers. D’un côté, ton frère, qui a eu besoin de toi. Tu pars du principe, depuis quelques mois, que c’est toujours le cas, mais tu ne lui as jamais vraiment redemandé, trop occupé à anticiper ses besoins pour qu’il soit le plus heureux possible dans sa vie et ne manque de rien. Mais renoncer à Jo’ ? Tu ne peux pas non plus. Tu viens de la retrouver, c’est pas pour la laisser disparaître et s’enfuir. Pourtant, à sa réponse, tu restes con. Pas que t’aies pas envie de vivre avec elle, mais t’avais pas prévu de quitter ton appartement, parfaitement situé par rapport à ton atelier. Tu hésites « eh… Ben en fait… j’pensais pas partir de l’appart. Il est cool, juste au dessus de l’atel’… j’pouvais pas rêver mieux ! C’est vrai qu’il y a des travaux à y faire, mais j’attends d’avoir suffisamment de côté pour ça. En fait… j’avais même prévu de le racheter à mon proprio, et... » tu hausses les épaules et mordilles ta lèvre inférieure, un peu nerveux « Beck… c’est juste temporaire. Il est là le temps de se remettre de l’absence de sa meuf. Il va gérer, c’est juste une question de temps... » tu lui adresses un sourire et passes une main dans ses cheveux, ton autre bras entourant sa taille « mais je pensais… qu’une fois qu’il serait parti… les travaux pourraient donner une bonne raison à ton installation ? On pourrait tout y refaire et réfléchir à l’agencement ensemble pour que ce soit chez toi… J’veux dire, pour de vrai ? » tu lui adresses un sourire et déposes un baiser sur son front « ok. J’vais appeler le plombier, dans ce cas. Archie la bricole, c’est une légende, aussi, comme le Père Noël. Et perso, j’y crois pas. » tu ricanes et poursuis ta route jusqu’à ce qui un jour tu l’espères, ne sera plus seulement chez toi…

Tu réalises vite fait que tu l'as potentiellement mis mal à l'aise. Il a l'air complètement hébété face à ta question et quand tu vois qu'il s'emmêle un peu les pinceaux dans sa réponse, tu éclates de rire.

- Hé détends-toi, je t'ai pas non plus demandé en mariage et j'aime aussi ton appartement. C'était une question sans responsabilité, promis. Profitant de ne pas avoir quitté ses bras, tu déposes tes lèvres au coin des siennes. J'imagine qu'il doit avoir besoin de temps pour se retourner, oui. L'histoire avec sa meuf t'a fait de la peine pour lui et tu comprends qu'il ait besoin de se poser un peu avant de quoi que ce soit. Mais vraiment, ne t'en fais pas. Pourtant, tu n'argumentes pas plus quand tu entends la suite. Alors tu fais les gros yeux. C'est vrai ? J'aime beaucoup l'idée. Tu te redresses un peu et fais une moue de réflexion avant de process tout ce qu'il vient de te dire. Si tu veux que ce soit chez nous à tous les deux, on peut aussi le racheter à ton propriétaire ensemble. Enfin... Je n'ai pas envie de te forcer la main si tu ne veux pas, bien entendu. Mais ça peut être un premier projet juste pour toi et moi. Tu inspires profondément et tes yeux fuient aussitôt. Enfin, je veux dire... non, laisse tomber. T'as beaucoup trop peur de lui forcer la main, à vrai dire.

Tu ricanes.

- Fais ça, ce sera parfait.

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T’as tellement pas envie de quitter ton appart… et en même temps, l’idée de vivre avec Jo’ te fait rêver, aussi con que ça puisse paraître. Alors tu t’enfonces encore, encore et toujours dans des explications sans fin sur les avantages de ton appart’ et comment elle pourrait vraiment y être chez elle. Comme si ce n’était pas le cas, déjà. Tu lui adresses un sourire, soulagé par sa réponse et réponds à son baiser au coin de tes lèvres par un autre. « j’serais pas contre. » que tu balances, moqueur. Cette idée de mariage, après tout, a déjà été lancée entre vous. Preuve en est cet anneau en toc autour de ton cou. Tu arques un sourcil, soulagé « sérieux ?? » tu réalises que ta réponse pourrait avoir plusieurs significations, alors tu te reprends « j’veux dire… tu veux vraiment acheter avec moi ? » un immense sourire illumine ton visage « non ! Jo’, c’est cool. J’adore l’idée !! » tu l’embrasses et la serres contre toi « c’est mieux que tout ce que je pourrais jamais imaginer mon amour. » que tu conclus, déjà mille idées en tête. Tu finis par monter les marches qui vous séparent de l’appart et t’envoies un rapide sms à ton plombier, avant d’oublier « hey ! On fête ça ? » que tu lances, sourire en coin. Putain ce que t’es heureux !!

Tu l'as vu se décomposer et ça t'a un peu fait sourire quand même. Voir qu'il perd tous ses moyens comme ça alors que tu l'as pas non plus mis complètement dans la sauce. Le soulagement sur son visage t'amuse, mais tu te retiens de ricaner, mordillant ta lèvre inférieure à grand coups de dents sans cesser de sourire. Quand tu vois le sien devenir moqueur, tu joues dans ce que tu penses être son jeu.

- Dans ce cas, je rectifie : c'est une demande en mariage. Tu sais où il se pose dans tout ça, même si techniquement, vous vous êtes symboliquement déjà dit oui une fois, vous n'êtes pas plus époux l'un de l'autre que deux adolescents qui sortent ensemble, peu importe la façon dont tu vois les choses, toi.

Tu hausses les épaules avec un sourire entendu.

- Bah oui sérieusement. Puis je te rappelle que j'ai pas de problème à acheter à peu près n'importe quoi, surtout pas avec ce que j'ai travaillé ces dernières années. Ça vous éviterait de vous endetter sur 50 ans et de mourir en continuant de payer une banque ou whatever ; tes finances peuvent clairement vous aider à outrepasser tout ça. Tu lui souris et te serres un peu plus contre lui quand ses bras t'entourent et te rapproche de lui. Il est pas au bout de ses surprises, le pauvre ; toi non plus.

De retour chez lui, tu souris - bientôt chez vous, du coup - tu poses tes affaires et acquiesces, lèvres étirées.

- Bien entendu qu'on fête ça, mon coeur.

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Tu sais bien que ta réaction était ridicule. Toi même, t’as envie de te moquer de ta propre gueule. Mais il y a des choses qui ne changent pas. Tu sais pertinemment que tu n’as pas n’importe qui, face à toi. Il s’agit de Johanne, tout de même ! La seule personne avec qui t’as réussi à baisser ta garde au point d’accepter un hypothétique mariage ; ce qui n’était pas une mince affaire. Mais après sept ans d’absence et un séjour à l’hosto où t’avais été coupé de pas mal de monde, tes vieux réflexes reprenaient le dessus, de temps à autres. Ici, une représentation de l’évitement. Pourtant, t’avais l’envie sincère de te caser avec Jo, et si elle le demandait de nouveau, tu l’emmènerais immédiatement à l’église, ta blonde. Alors pourquoi cette gueule pleine d’inconfort, figée comme si quelque nouvelle déplaisante venait de t’être donnée ? T’en sais rien. Tu finis par te dérider lorsque tu rationalises la situation. Tu l’observes, un sourire moqueur se dessinant sur ton visage « rien que ça ? » tu arques un sourcil et serres sa main dans la tienne, avant d’y déposer un baiser « y’a plus aucun suspens : tu sais très bien qu’on est cap’ de se dire oui. » tu ricanes « c’est pas ce qu’on a fait y’a sept ans d’ailleurs ? » tu lui adresses un clin d’oeil amusé et hasardes « peut-être qu’on devrait… officialiser ? » parler appart et mariage le tout dans la même soirée ? Un cauchemar pour toi il y a quelques années. Mais pour Jo, tu ne ressens pas les choses comme une obligation. Tu lui adresses un sourire et réprimes un rire « excusez moi, madame ! C’est vrai, on vient pas du même monde ! » tu finis par rire de bon coeur et hausses les épaules, avant de murmurer à son oreille, moqueur « j’ai quand même vachement de chance, d’être un type entretenu. » comment ça, t’extrapoles ? Ouais, totalement. Et tu regrettes même pas. La mauvaise foi ? Plus qu’une passion, une vocation. Vous montez et t’attrapes deux verres, dans lesquels tu sers de quoi fêter votre décision. Tu lui en tends un des deux puis trinques avec elle, avant de venir de nouveau te lover contre elle : t’en serais presque à ronronner sous ses je t’aime : on repassera pour ton image de gros bourru, tu lui manges dans la main.

Tu le vois se figer en un instant et tu regrettes aussitôt ton trait d'humour. Bien sûr que ça n'en était un qu'à moitié ; cette idée d'officialiser encore plus ce qui vous lie te paraît être la suite des choses, qui plus est le meilleur moyen de prouver à qui n'y croit pas que tout ça a du sens. Mais tu sais aussi que le mariage n'a pas le même sens pour Archie que ce qu'il peut être pour toi. Alors tu lui donnes un coup d'épaule avec un petit sourire.

- Hé, je déconne, souffles-tu avec aisance. Pour autant, ton coeur, qui s'était arrêté, ou alors qui battait si fort qu'on aurait dit qu'il ne battait plus, repart de plus belle quand finalement il ouvre la bouche. Tu hausses les épaules, te donnant l'air de rien. Si on veut, oui. Mais y avait clairement moins d'enjeu qu'un oui plus officiel. C'est faux. Ce oui que vous vous êtes échangé, c'était le moyen de vous promettre que peu importe l'idée de tes parents, peu importe la distance, vous comptiez l'un pour l'autre. Après sept ans d'absence et quasi un de retour ici, tu ne peux que te rendre à l'évidence : ça comptait autant que devant un maire qui vous aurait liés à l'état civil. Tu baisses les yeux et déglutis avec un peu de difficulté avant que tes iris ne viennent retrouver les siennes.

- Archie... je ne veux pas te forcer à quoi que ce soit, tu sais ? Je veux dire que si tu en as envie, cette blague peut ne rester que ça : une blague. Pour autant, la course folle de ton coeur va à l'encontre de tes paroles, mais tu le connais. Si pour l'instant il le dit, t'as un peu peur qu'il prenne les jambes à son cou ensuite en réalisant.

Tu ris plus légèrement.

- Tout de suite ! Ce "monde", tu l'as rejoint en gagnant ta vie à la sueur de ton front ; comme lui avec son taf, sauf que le fait d'être bien née et de travailler à la tête d'un hôtel de luxe, ça t'a plus aidée à remplir tes poches que lui a pu remplir les siennes. Pour autant, s'il y a un truc, un truc vrai dans tout ça, c'est qu'Archie a toujours choisi un métier qu'il aime. Toi, pas forcément, mais entre ça et sentir la friture en servant des burgers, t'as vite fait ton choix.

Tu baisses les yeux, les joues rosies.

- ... ce n'est pas ce que j'ai dit ! te défends-tu sans la moindre ferveur, un peu honteuse qu'il ait compris ça, ou du moins qu'il ait eu l'opportunité de faire ce genre d'extrapolation pour te titiller.

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Tu t’es figé. Pourquoi tu t’es figé ? Aucune idée. Putain ! En fait, c’est sans doute par habitude. T’as jamais eu peur de te caser avec Jo, encore moins de vivre avec elle. Mais par dessus tout, tu as toujours eu peur de perdre ta liberté. Et puis merde, elle est partie sept ans, t’as eu le temps de reprendre tes anciennes habitudes. T’as l’impression qu’il te faut du temps, plus que ça, pour te réacclimater. Bien que, soyons francs, de l’extérieur, tu es prêt. En somme, c’est entre toi et toi que ça se joue. Tu essaies de rationaliser. Tu regrettes ta réaction aussi sec et secoues la tête, tu clarifies le truc à voix haute, tu sais pas si c’est pour elle ou pour toi, sans doute un peu des deux : ça a le mérite de te calmer. Tu lui adresses un sourire : « j’suis pas certain, qu’il y ait eu moins d’enjeu. En tous cas c’était pas le cas pour moi. » tu lui adresses un clin d’oeil et secoues la tête « j’ai pas envie que ça reste une blague. J’suis sérieux. On sait tous les deux comment j’suis. Un p’tit con qui n’en fait qu’à sa tête et qui a besoin de liberté pour que ça fonctionne. Mais je sais aussi qu’avec toi, j’ai vraiment envie de tenter le coup. C’est pas une blague, Jo’. J’veux qu’on essaie. » Tu ricanes « ouais, tout de suite ! Qu’est ce que tu vas faire ? » que tu lui lances sur un ton faussement défiant. Une racaille qui n’en est pas une, un énorme demeuré, surtout. Tu ricanes et prends un air faussement impacté « c’est pas ce que t’as dit… mais c’est ce que j’en comprends ! » tu surjoues à balles pour qu’elle comprenne que tu déconnes et finis par lancer, d’un ton malicieux « on disait quoi, déjà ? Ah oui : je suis un petit con, donc. » tu ricanes, lui adresses un clin d’oeil et finalement, prélèves quelques gorgées de ton verre. T’avais eu bien fait de le garder planqué, ce champ’, tu savais bien qu’il te serait utile un jour.

Tu voudrais ne pas avoir lancé ce trait d'humour. Dans un mauvais manga, tu aurais eu la goutte de sueur coulant doucement du front à ta nuque vu ta réaction à la sienne. Pourtant tu t'efforces de montrer ton calme avant toute chose. Ce n'était qu'un trait d'humour, Johanne. Un putain de trait d'humour. Bien sûr, tu aurais mieux fait de le garder pour toi, mais quand même ; rien d'autre.

- Tu as compris ce que je voulais dire. A l'époque, l'enjeu était de taille et tu le sais. C'était un moyen de vous lier malgré la distance, sans risquer quoi que ce soit. Deux coeurs unis, l'un dans l'autre. Exactement comme le tatouage à ton poignet. Mais excepté cette promesse, l'enjeu reste moindre pour toi, parce qu'il n'y a rien d'officiel aux yeux des autres. C'était important sur le moment, et ça signifie toujours tout, pour moi, qu'on se soit dit oui. Mais c'était dans une autre vie. Une vie où tu pensais te laisser dépérir sans lui. Ce que tu n'as pas fait uniquement grâce à la promesse de vous retrouver.

Ta main sur sa joue, tu caresses sa pommette de ton pouce.

- On a tout le temps, pour ça, d'accord ? Je ne veux pas que tu te forces juste parce que j'ai fait une mauvaise blague qui a mal tourné, d'accord ? Pour autant, ses paroles t'ont provoqué un frisson d'enthousiasme, accompagnés d'une torsion de l'estomac, mais rien de désagréable pour autant.

Un sourire malicieux, il t'a lancée au défi, mais tu n'es pas en mode vrai challenge pour autant. Ravie qu'il ait choisi le moment où vous êtes posés dans cet appart au dessus de l'atelier, tu profites de n'être qu'à tous les deux. Aussi, tu te donnes juste l'élan qu'il faut pour t'asseoir sur lui, un pied à côté de chacune de ses côtes.

- Je pourrais faire ça, par exemple, que tu affirmes en prenant son visage de tes deux mains pour déposer tes lèvres sur les tiennes. Mais si tu préfères le rapport de force... commences-tu avant d'entamer un geste pour t'écarter. Tu es peut-être un petit con, mais tu es mon petit con, que ça convienne aux autres ou non.

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