Ah le printemps ! Ce soleil, ces...euh...fleurs ? Oui bon d'accord, je n'avais pas spécialement besoin de m'enthousiasmer dès que le printemps revenait sur Londres comme la plupart des gens ! J'étais d'un enthousiasme constant, que l'on soit en hiver, en automne, en été...Ce n'était ni le froid ni la chaleur qui allaient m'empêcher de profiter de la vie et de m'éclater comme je savais si bien le faire !

Je me trouvais actuellement dans le vaste parc de Morden Hall, dans le South West. Même si quelques nuages squattaient les cieux, la journée restait belle. Il y avait de plus en plus de monde dehors au fil des jours qui gagnaient en température. Ces pauvres pâles Londoniens méritaient bien de quoi refaire leur stock de vitamine D ! Je longeais, ou devrais-je dire trottais, sur un sentier qui traversait le parc, jonglant avec ma balle qui passait d'un pied à l'autre avec dextérité. Les mains dans les poches, j'en gardais le contrôle, la faisant bondir de temps en temps presque jusqu'à ma hauteur. Kyle n'avait pas voulu m'accompagner aujourd'hui, trop occupé à bricoler son...euh...je ne sais pas trop quoi. Je vais retrouver la maison en cendres en rentrant que ça ne me surprendrait pas ! Kenny, j'en parlais même pas. Mais comment faisaient-ils pour rester enfermé par un temps pareil ?!

Approchant d'un grand chêne, j'envoyai subitement la balle en plein dessus. Elle rebondit avec force sur le tronc et j'entrepris de la renvoyer un nouveau. Ce deuxième coup, elle dévia totalement au lieu de revenir vers moi et fut propulser un peu plus loin...En plein sur la tête d'un malheureux qui passait par là. Je m'esclaffai, même si ça n'avait sans doute pas été drôle pour lui mais bon, ce n'était qu'une balle hein, pas une enclume ! Il allait survivre, va ! J'arrivai au pas de course, toujours hilare, pour récupérer mon bien, mais je m'étonnai soudain en reconnaissant le visage de ma victime involontaire :

— Tiens, Sehun ! Gaffe à toi, il pleut des balles aujourd'hui !

Il ne fallait pas trop s'alarmer, je m'adressai à tout le monde comme si c'étaient mes meilleurs potes. Enfin, ce n'était pas comme si l'asiatique était un parfait inconnu pour moi non plus -pour preuve, je connaissais son nom, suivez un peu rooh !- Mais il était plutôt le pote à mon frère -Ryler je précise, sur trois on peut faire l'erreur !- Je l'avais cependant déjà vu et toute la petite famille l'appréciait plutôt bien. Quelle drôle de coïncidence de le dénicher ici !

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Pour une fois que je ne faisais pas exprès ! Je pouvais jurer que je n'avais pas eu autre ambition à l'instant que de faire rebondir cette balle sur les arbres mais force était de constater que Dieu avait envie de me rendre coupable d'un truc quoi qu'il arrive. Ceci dit, la situation n'avait pas manqué de m'amuser alors je pouvais bien pardonner le divin pour ça ! En fait, je pense qu'il est de mon côté et à voulu me divertir mieux que les arbres n'auraient pu le faire. Et comme il était maître des coïncidence également, il avait fait en plus en sorte à ce que la balle atterrisse sur une de mes connaissances. Ah qu'il était coquin le barbu dans le ciel !

— Avec un peu de chance, t'auras un beau bleu ! Ouais une chance ! C'est fascinant les couleurs que la peau peu prendre parfois qui ont l'air si surnaturelles. Bon, ça fait parfois un peu mal mais après on a droit à du violet, du bleu, ça peut même virer à un genre de bordeaux.

J'étais un grand connaisseur des bleus. J'en avais suffisamment pris pour le savoir ! J'affichais un large sourire alors qu'il me rendit mon précieux bien.

— Ah non, je jouais avec les arbres. Plutôt pratique parce qu'ils n'ont pas mal eux, et ils ont du répondant mine de rien ! Im-per-tur-bables ! Mais ils visent très mal, on est d'accord. Maintenaaaaaant...Si tu y tiens, je ne serais pas contre une cible mouvante et puisque tu te proposes si gentiment...!

Je m'affublais d'un sourire malicieux et potentiellement machiavélique également en relevant mon regard espiègle sur lui.

— Bien, évidemment ! Quelle question ! lui dis-je en jonglant avec ma balle. Et toi ? Qu'est-ce que tu trafiques dans le secteur ?

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Je n'y connaissais rien en psychiatre mais je ne voyais absolument pas en quoi un bleu lui donnerait mauvaise publicité. J'haussais les épaules en levant les yeux au ciel.

— Oh tu dramatises ! Un mannequin ou une hôtesse de l'air, je peux comprendre mais sinon...

Je fus interrompu par une subite vision de Sehun habillé en hôtesse de l'air avec un énorme bleu au visage et je me mis à glousser. Euh...On parlait de quoi déjà ? Ah oui, la balle ! Quoi ? Il refusait ma proposition ? M'enfin, il aurait été une cible parfaite !

— Ooh allez ! insistais-je en trépignant sur place, dis, tu ne veux pas jouer un peu avec moi ? T'as l'air d'avoir rien de mieux à faire ! Tu ne peux pas être aussi ennuyeux à crever que Ryler tout de même !

Bien que ça expliquerait pourquoi ils étaient potes ces deux là. Je ne songeais bien sûr pas à en faire une cible sur laquelle taper avec le ballon, mais j'espérais simplement un camarade de jeu pour le moment. Même si j'étais capable de m'amuser tout seul dans mon coin, je détestais être seul et je préférais largement partagé de bons moments avec quelqu'un.

— Hein ? fis-je quand il mentionna un tour chez le coiffeur que J'AURAIS dû constater mais évidemment, je n'avais rien noté parce que moi et les détails hein.

Mais je levai un regard vers sa crinière.

— Ah possible.

Je ne saurais même plus dire comment étaient ses cheveux la dernière fois que je l'avais vu. Oh bon sang, il attendait un collègue ? Quel ennui !

— Bon ! Bah en attendant qu'il se pointe alors, tu as bien le temps de faire quelque passes, non ? S'il te plaît !

Pas croyable de vouloir continuer à bosser en dehors de son lieu de travail. Mais qu'est-ce qui n'allait pas chez ces gens là ? Je me demande !

— Oh bah la famille va bien ! Je suis sûr que Ryler sera ravi d'avoir de tes nouvelles, pour sa part, il mène sa petite vie chiante mais heureusement que je suis là pour la pimenter un peu ! Kenny a surpassé tout le monde lors de sa dernière prestation de son club de théâtre, il paraît c'est classe. Maman est parti à New-York pour une expo il y a quelques jours et Kyle a encore fait sauter la plomberie du sous-sol. On a eu la cave inondée pendant deux jours. Mais à part ça tout va bien !

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Parfait ? Impeccable ? Mais mon petit bonhomme, rien ni personne n'était parfait ! Et rien qu'à l'entendre, j'avais des envies de suicide. Comment pouvait-on vivre de cette manière, à veiller au grain d'être toujours "impeccable" aux yeux des autres ? Quelle bêtise. On était ce qu'on était et surtout, il fallait être ce qu'on voulait. Ne disait-on pas que c'étaient nos imperfections qui nous rendaient justement parfaits ? Diable, cette phrase n'avait aucun sens mais tout le monde l'utilisait pour justifier ses défauts...Et après c'était moi le tordu dans l'histoire ? Alors que personne n'était fichu d'être honnête, ne serait-ce qu'avec soi-même ?

— Si tu le dis, finis-je par répondre en haussant une épaule, mais c'est une couleur qui t'irait bien quand même.

J'esquissai un sourire malicieux même si j'espérais bien sûr que jamais ce brave garçon n'ait à se prendre un coup qui lui vaudrait un bleu. Je déconnais bien évidemment et un bleu par accident, ce n'était pas dramatique. Mais un bleu à cause d'une violence volontaire, ça c'était autre chose et personne ne le méritait. Sauf moi des fois. Souvent. Tout le temps en fait ! Je ris à nouveau à sa réponse face à mon insistance :

— Alors ça, je veux bien te croire ! Mais justement, je vais t'aider à te décoincer un peu ! Tout le monde a besoin de s'amuser et de se détendre un peu de temps en temps.

Même si "tout le temps" conviendrait mieux. La vie était trop courte pour se faire chier. Je me contentais d'hausser les sourcils lorsqu'il m'expliqua comment étaient ses cheveux avant. Soit. De toute façon, la prochaine fois qu'on se croisera, j'aurais largement eu le temps d'oublier la coupe qu'il avait aujourd'hui.

— Super ! m'exclamais-je en faisant un bond sur place. Je peux juste te promettre de ne pas te fracasser volontairement la figure dans l'espoir de te coller un bleu dessus mais pour le reste, il suffit de faire un peu attention. Hey ! C'est juste une balle hein, pas une boule de bowling !

Je lâchais le dit objet à mes pieds pour commencer à jongler avec tout en écoutant Sehun qui semblait, j'ai l'impression, craindre un peu les loufoqueries de mon aîné. Un large sourire s'étira sur mes lèvres. Oh il ne serait pas le seul à avoir peur de Kyle ! Même à la maison, on se méfiait parfois des objets les plus simples en se demandant si ces derniers avaient été trafiqués par celui-ci ou non.

— Qui sait ! Figure-toi qu'il a des projets pour monter son propre réacteur nucléaire !

Je ne comprenais jamais rien quand il en parlait, le blabla mécanique, scientifique, ce n'était clairement pas pour moi, mais il avait l'air au top en tout cas.

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Moi ? Totalement détaché de la réalité ?! Comment osez-v...Non mais vous avez probablement raison en fait. J'avais ma propre réalité, celle où le travail n'existait pas et où personne n'était obligé de faire des choses qu'il ne voulait pas faire. J'ignorais ce qui m'attendait dans l'avenir et avec une attitude pareille, ça ne devrait pas être très glorieux mais je m'en moquais. Pour moi, c'était l'instant présent qui comptait. Le passé n'existait plus et le futur n'existait pas encore. Pourtant, j'avais souvent l'impression que c'étaient ces deux choses auxquelles les gens se souciaient le plus, jusqu'à oublier de vivre chaque jour.

Sehun ne semblait pas convaincu lorsque je lui disais que tout le monde pouvait s'amuser de temps en temps. Mais quelle tête de mule ! Tu pourrais répondre quand même ! D'un geste, je fis remonter la balle et l'envoya vers lui d'un coup de genou, volontairement pas fort pour qu'il ai le temps de la rattraper et, le cas échéant s'il avait des réflexes aussi incroyables que ceux qu'une limace à l'agonie, que ça ne le cogne pas au point de faire mal s'il ne parvenait pas à la récupérer à temps. Je devais néanmoins admettre que c'était vraiment satisfaisant de le voir jeter des regards incertains sur ma personne comme si j'étais un vil monstre jouant avec ses nerfs et menaçant de lui sauter à la gorge à n'importe quel moment d'inattention.

Mon sourire s'élargit et je dû me mordre la lèvre pour ne pas rire devant sa réaction quand je lui racontais les derniers projets de mon frère. Le pauvre, je crois que je suis en train de lui faire peur ! Il ne voudra plus jamais revenir à la maison même si Ryler l'invite à une soirée pizza.

— Il paraît que si on fait attention, c'est sans danger !

C'était bien là le problème. Pour ma part, je ne m'inquiétais pas trop -cela vous étonne ?- Je ne doutais pas de l'intelligence de Kyle et de ses délires de scientifique fou et j'étais convaincu qu'il était capable de mettre à terme ce genre de projet s'il avait le pouvoir de mettre facilement la main sur les composés chimiques nécessaires. Dieu merci pour Londres, ce n'était pas des choses que l'on pouvait se procurer à l'épicerie du coin. Enfin, pas que je sache !

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