Il est rare, de trouver un ami semblable a soi même en tout point. Voire impossible. Du moins, c’est probablement ce que tu avais toujours pensé. De nature solitaire, t’avais pas foule d’amis, lorsque tu étais en France, encore moins ces sept dernières années : t’attacher ? Plus maintenant, non merci, ça t’avait trop fait mal de devoir leur dire adieu, tu t’étais résigné à une vie de solitude, pensant que ça t’empêcherait d’avoir mal. Mais ici aussi, tu t’étais foiré. Parce qu’être seul, avec pour seule chose à laquelle te rattacher, tes souvenirs de tes amis et de ta famille, ça t’avait peu à peu grignoté de l’intérieur. Et puis, force était de constater que même si tu l’avais voulu de toutes tes forces, tu n’y étais pas parvenu : Il y avait Rose, de qui tu ne pouvais décemment plus te détâcher, et puis, surtout, il y avait Marvin, celui qui sans crier gare avait fini par faire son entrée fracassante dans ta vie pour ne plus jamais en ressortir. Tu l’avais trouvé, ton ami en tout point semblable, aussi fou cela pourrait-il paraître. Quasiment les mêmes façons de penser, de parler, de… dealer avec vos émotions. Parfois, c’était limite terrifiant, de voir à quel point l’autre pouvait terminer les phrases du voisin. Alors quand il t’a taquiné sur ta façon de bailler bruyamment une fois calé, ça t’a pas surpris, bien que dérouté, de comprendre qu’il lisait dans tes pensées et ressentis. T’as haussé les épaules, lui adressant un sourire moqueur « j’te ferai pas ce plaisir, poto. 150 CC chacun pour soi, aucune IA ? Naturellement… tous les coups sont permis. ET je prends Link. » tu te mis à rire, moqueur, lui adressant un clin d’oeil amusé et enfournais une poignée de chips dans ta bouche, avant d’avaler une gorgée de coca pour faire passer le tout. Ta tête contre l’assise du canapé, tu passais une main dans tes cheveux, tout content de passer un moment avec le type que tu considérais comme un frère. Impatient, tu battais la mesure de tes pieds au rythme de la musique de Mario, tes jambes maintenant croisées l’une sur l’autre et passant à côté de la table. Tu choisissais ton personnage puis, tranquillement, attendis que Marv’ fit les derniers réglages. Lancement. « 3,2,1…. » tu lui adressais un sourire narquois, profitant de l’accélération du début, pour l’instant, tu gérais, mais allais-tu y arriver longtemps ?

Spoiler:

Pas besoin pour Marvin et toi de tomber dans le pathos pour être proche. Tous les deux, vous saviez que vous aviez chacun vos casseroles, mais toi comme lui, vous aviez la décence de ne pas vous traiter en petit chat malade, parce qu’il a « vécu des choses », « il a morflé ». comportement qui ne se voulait pas méchant mais qui, pourtant, te débectait au plus haut point. Parfois, tu te demandais si votre lien, à Marvin et toi fonctionnait aussi fort parce que vous n’en parliez pas ou plutôt… non. En fait, c’était encore mieux que ça : vous n’aviez pas besoin de mots pour vous comprendre, les gestes étaient tellement plus efficaces, pour toi ! Enfin bref. Tu aimais ces moments que vous passiez ensemble, parce qu’ils n’avaient jamais été prise de tête, vous étiez bien plus souvent à vous marrer ensemble qu’a pleurer… mis à part de rire.
Quand Marvin t’a mis au défi, tu as arqué un sourcil, tentant de réprimer ce rire qui pourtant avait bel et bien envie de pointer le bout de son nez « dis donc, Hopkins, prends pas trop la confiance ! » tu lui tirais la langue, hochais la tête et le regardais d’un air incrédule si t’es convaincu que ça t’aidera… inchallah mon ami ! Que les dieux du jeu vidéo soient avec toi ! » que tu lançais d’un air incrédule . Rattage sur l’accélération, tu grimaçais en le voyant à tes trousses. Rapidement, tu attrapais un cube dans lequel… une peau de banane. T’étais presque déçu. M’enfin, c’était mieux que rien : tu la gardais précieusement accrochée à l’arrière de ta moto, histoire de te faire un bouclier à carapaces : de rien pour le tips, c’est cadeau. Et tu continuais ta route, concentré comme jamais.

Mort de rire, tu sais que t’es mal barré. Que tu vas très probablement mordre la poussière. Mais en fait, tu t’en fous. Parce que voir Marv’ gagner, c’est un peu comme si c’était toi, qui gagnais. Cucul ce discours ? Ouais. A balle. Tu sais d’ailleurs que si Marvin pouvait entendre tes pensées, il y avait fort à parier pour qu’il se foute de ta gueule. Alors tu ne dis rien. En lieu et place de tout ça, tu fais le type faussement choqué « attends, quoi ? Tu t’es ENTRAINE ??? aaaah ! Je vois qu’on reconnaît mon talent à sa juste valeur ! Le mec a tellement flippé qu’il s’est entrainé, s’il vous plait ! Entrainé ! » tu ricanais, lui tirant la langue et essayais de rattraper ton retard comme tu le pouvais. Tu doubles plusieurs bots, sans cacher ta satisfaction d’une telle remontada et tu observes tes items : vous êtes tous deux sur le podium, t’as une carapace rouge… Ca se tente, non ? Tu la lances et tentes de le doubler, mais c’est sans compter sur le fait que tu réussisses, perde le contrôle sous le coup de la satisfaction et… te fasse bouffer par une plante carnivore. Putain, y’avait des jours comme ça, où on ferait mieux de rester couché, tu penses.

Cesser de prendre la confiance ? Il ne croit pas si bien dire. Tu le sais, t’as un petit niveau, et si vous continuiez ainsi, peut-être même que vous auriez une place toute trouvée dans le milieu de l’e-sport. Tu ricanes « hey ! Te moques pas, je suis sûr qu’on aurait toutes nos chances sur twitch ! T’imagines ? Le duo dont la ménagère ne pourrait plus se passer ! Un concept ouf : toi, moi, une télé, des pop-corns… oh wait. On aurait juste à allumer une caméra là, en fait ! » tu arquais un sourcil et secouais la tête « arrêtes. Tu sais très bien que t’es un adversaire de taille, pour moi ! Et… sachant que nos IA sont en mode facile… je ne sais pas vraiment si c’est encourageant ! » tu pouffes de rire, pas peu fier de le voir s’empêtrer dans la gal… « eeeh merde ! Putain de Karma ! On leur a jamais dit de désherber les pistes, avant de lancer des joueurs dessus ? » que tu râles en tentant de récupérer ton retard sur lui et une peach bot insupportable « quelle grognasse celle là ! Attends, fais gaffe, c’est pas pour toi ! » que tu annonces, en balançant une carapace verte, que tu espères arriver dans le mille de cette princesse que vous jalousez sans même vous en cacher.

La réaction de ton pote te fait marrer. Toujours à rentrer dans tes conneries, c’est sans doute aussi ça, que tu apprécies très fortement, chez Marv’. Ton meilleur ami et pas pour rien. Et à ton tour, c’est toi qui ouvres de grands yeux ronds. Parce que lorsque tu as évoqué cette éventualité, tu t’es jamais dit un seul instant que ça faisait écho à ta situation. T’éclates de rire « merde ! Bah c’est vrai ça ! Coincidence ? Je ne crois pas ! Viens ! On branche la caméra, il faut que le monde sache ! » tu ricanes : que le monde sache que vous êtes nuls à Mario Kart ? T’es pas sûr, tout à coup. Mais en vrai, tant que tu passes un bon moment avec Marv… tu t’en fous pas mal, de paraître ridicule. Tu réprimes un rire « Mec… t’aurais tellement jamais du me faire réaliser ça !  Tu le sais, n’est ce pas ? » Moqueur, tu lui tires la langue et lui adresses un clin d’oeil avant de t’empiffrer une nouvelle fois de cochonneries « pourquoi me déguiser en père Noël quand je n’ai qu’à mettre ma chaussette non pas sur la cheminée mais sur la tête ? Tu sais bien que plus c’est con, plus ça clique ! » à se demander pourquoi t’as autant de followers, c’en est presque vexant quand t’y penses. A mesure que le jeu s’enlise, tu peux pas t’empêcher de rager : il faut bien un mauvais perdant, dans un duo, et on dirait bien que t’as trouvé le moyen d’être celui-là. T’arques un sourcil, faussement offensé de t’être ramassé tous ses objets : tu te permets parce que t’es clairement pas en reste : lui aussi, a ramassé dans la gueule. Tu pouffes de rire et tu hausses les épaules « tu sais ce qu’on dit frérot ! L’espoir fait vivre ! »

Tu arques un sourcil et lèves les yeux au ciel « t’aurais jamais du dire ça, mon pote. » tu ricanes, entre tes identifiants, allumes ta cam’, et… « toujours sûr de toi ? » que tu balances, un regard plein de défi en direction de ton pote. T’as plus qu’à cliquer sur « lancer le stream » pour que la catastrophe soit planétaire. Oupsy.

« que pour une fois non, tu n’es définitivement pas cap ? » tu pouffes de rire : tu sais pertinemment que sur ce point, Marv’ est comme toi, incapable de s’avouer vaincu, même quand franchement tous les indicateurs sont au vert pour vous faire avorter la mission… pas le genre de trucs qui vous effraie, visiblement. Tu pouffes de rire « aaaaah ! Alors ? On a la trouille, Hopkins ? » tu verrouilles ton téléphone « heureusement, putain. J’ai une réputation à tenir, bordel ! » tu lui adresses un clin d’oeil moqueur et pinces son bras à sa remarque « alors ça, c’était petit ! » ceci dit, il n’a pas tort : à croire que jusqu’ici, c’est ton côté plus stupide que la stupidité qui t’a maintenu en vie. « tu dis ça parce que t’es jaloux, c’est tout ! » que tu balances en lui passant devant in extremis. Mais t’es pas dupe : dernier tour, tu sais que tu vas en chier, c’est qu’une question de temps pour qu’il ne gagne.