Once upon a time somebody ran, somebody ran away saying fast as I can I got to go

Famille luso-espagnole principalement ancrée dans la culture portugaise et dont le père a des origines cubaines qu'il renierait presque. Brásia naît à Londres, au milieu de l'année mille-neuf-cents quatre-vingt-sept. Une année à la fois riche et pauvre pour le Portugal, surtout politiquement : la demoiselle naît en pleine motion de censure et ses parents ne retournent au Portugal que quelques jours après sa naissance, alors que l'assemblée de la république portugaise est dissoute. Ils n'y restent pas plus de trois mois avant de finalement repartir à Londres, retourner à leur vie.

De son enfance, Brásia se souvient surtout de toutes ses vacances, passées entre Londres et Porto, et quelques fois à Madrid, pour y découvrir les origines lointaines de son père. Elle se souvient aussi des nombreuses tentatives pour lui apprendre le portugais et l'espagnol de manière séparée. La petite fille, alors, a surtout du mal à ne pas mélanger les deux langues et à ne pas utiliser un mot cousin avec un autre, même si le sens change radicalement. Finalement, à force d'apprendre de ses deux parents à parler l'anglais et le portugais au fil des ans, elle délaissera un peu l'espagnol pour finalement l'apprendre toute seule à son entrée au collège.

L'enfance de la demoiselle se passe de la manière la plus calme et agréable qu'il soit. Les Alvès-Gartzia ne demande jamais la lune pour leur fille, ils l'aident toujours à la décrocher. En tant qu'enfant unique, elle reçoit tout l'amour dont elle a besoin pour se développer correctement et ses parents lui apprennent aussi l'altruisme et le dévouement en la faisant participer dès son plus jeune âge à des activités de bénévolat, que Brásia a toujours adorées.

Alors qu'elle rentre dans l'adolescence, à l'âge de quatorze ans, les Alvès-Gartzia accueillent Luz, la fille du cousin au second degré du père, tout droit arrivée de Cuba après le décès de ses parents. Pedro, le père de Brásia, étant son parrain et la seule famille capable de s'occuper de la jeune femme, et en vie. L'arrivée de Luz dans sa vie a d'abord été une véritable bénédiction pour Brásia qui adorait sa cousine lorsqu'elles se retrouvaient en Espagne ensemble, la demoiselle n'ayant jamais eu l'occasion d'aller outre-Atlantique, et qui rêvait d'avoir une petite soeur. Mais Brásia a vite déchanté.

Entre Luz et elle, tout s'est toujours très bien passé. Elles faisaient les quatre-cents coups, riaient beaucoup, et c'est elle qui lui a appris à parler anglais. Mais tout ce temps passer avec sa "nouvelle soeur" a fait prendre un retard considérable à la demoiselle. Moins attentive en classe, plus indocile, répondant davantage. Ses notes ont commencé à chuter considérablement, et ses parents commencent alors à lui faire des reproches qu'ils ne lui ont jamais faits, jusqu'alors toujours ds alliés hors pair. Brásia commence à avoir des fréquentations de plus en plus limites. Cigarette à la bouche et majeur en l'air, elle devient une adolescente plus vraiment ce qu'il y a de plus sage, mais quand même. Elle reste préoccupée par une chose : le bien-être de sa cousine et rester un modèle. C'est pour ça que devant Luz, elle ne joue jamais les rebelles.

Elle continue le bénévolat, impliquée pour l'environnement. C'est là qu'elle rencontre Jules, un gamin des beaux quartiers de Londres, toujours bien coiffé, toujours bien sapé. Ils détonnent l'un à côté de l'autre, surtout quand la demoiselle choisit de se colorer le bout des cheveux en rose. Le coup de foudre était ce qu'il y avait de moins évident entre eux et pourtant, sans l'ombre d'un doute qu'il a eu lieu.

A spider web and I'm caught in the middle, so I turned to run the thought of all the stupid things I've done and I, I never meant to cause you trouble and I, I never meant to do you wrong

Leur relation, à l'abri des regards, dure deux ans. À l'aube de leurs dix-huit ans, ils se séparent, alors que les parents de Jules apprennent la grossesse de Brásia. Ni une, ni deux, ils lui offrent une somme d'argent considérable afin qu'elle avorte. Si elle refuse d'abord, incapable de se mettre en tête de mettre fin à une vie dans la religion catholique qu'elle n'a jamais reniée et qu'on lui a inculquée, très traditionnellement d'ailleurs, propre aux plus petits villages portugais autour de Porto où elle a grandi, elle finit par accepter sous la pression, sans en discuter avec ses parents.

Mais elle n'avorte pas, la gamine. Elle en parle à ses parents et ils sont d'accord avec elle. Elle gardera l'enfant. Envoyée auprès de sa grand-mère, à Guimaraes, pour vivre sa grossesse. Un isolement qu'elle ne vivra pas du mieux possible mais qui donne l'occasion à ses parents de voir venir : les parents de Jules ont le bras long et ils se refusent à la simple idée qu'ils puissent détruire la vie de leur fille.

Avec Luz, durant tout le temps de sa grossesse, elle converse par lettres, et celle-ci lui rend visite quelques fois, appréciant le détour sur la côte portugaise, elle qui n'y avait jamais mis les pieds.

Elle n'a pas exactement dix-huit ans quand elle donne naissance à une petite Camila. Elle décide de retourner à Londres avec son bébé sur les bras. Mais jamais Jules ne rencontrera sa fille, disparu de la liste des habitants avec ses parents, prêts à agrandir encore un peu leur bras auprès de pays à l'internationale. Ce qui ne dérange pas la jeune maman.

La vie à Londres reprend son court, mais avec du retard. Alors qu'elle est majeure, il reste à Brásia encore deux ans d'études au lycée : une première pour rattraper le retard qu'elle a pris durant sa période de rébellion, qui n'est pas complètement terminée, et une seconde pour rattraper celle passée au Portugal : si elle y a appris beaucoup de choses, les programmes n'étant pas les mêmes, la voilà avec plus de retard qu'elle ne l'aurait souhaité.

Elle finit par valider son lycée alors qu'elle a atteint les vingt ans. La plus vieille diplômée de sa promotion, mais et alors ? Elle s'en fiche. Elle continue les études, dans l'espoir d'être ingénieure. Pas facile avec un bébé sur les bras, mais elle y croit. Dans la même lignée de ses études, au jardin d'enfants où elle amène Camila tous les matins, elle fait la connaissance d'une jeune maman, comme elle trop jeune pour ce rôle là.

Soutenue par sa cousine et par Enola, sa nouvelle amie, elle se lance dans ses études à corps perdu et réussi à sortir de là avec un diplôme. Mais une jeune femme, jeune, et déjà maman, ça ne plaît pas trop pour les engagements... C'est comme ça qu'un soir, après une soirée un peu trop arrosée au pub, on lui parle d'un plan. Un plan d'une fois qu'elle accepte, trop poussée dans la nécessité de gagner de l'argent à tout prix.

C'est ainsi que Brásia met un pied du mauvais côté de la limite légale. Devenue garagiste et ce principalement dans des courses de voitures illégales, elle gagne bien ses interventions et arrive très bien à faire passer ça pour des vraies réparations, au sein du garage dans lequel elle bosse et qui est impliqué dans ces mêmes courses. Elle n'en parle jamais à ses proches, jurant l'irréprochabilité, tout ça pour protéger sa Camila. Et ainsi passent les années.

She said, where'd you wanna go? How much you wanna risk? I'm not lookin' for somebody with some superhuman gifts, some superhero, some fairy-tale bliss just something I can turn to somebody I can miss I want something just like this

Ses activités ne lui attirent jamais vraiment de problème. Intouchable parmi les impunis, son statut de maman semble ne jamais la toucher. Camila grandit et elles ont une relation à la fois proche de celle d'une mère et de sa fille, mais aussi de celles de deux soeurs que les années séparent. Sa fille est pour Brásia son véritable refuge. Qui s'agrandit lorsqu'elle le rencontre.

Ils sont différents et pourtant très similaires. S'ils ne font pas dans le domaine, aucun des deux n'est véritablement innocent, coupables de leurs activités répréhensibles. Brásia s'arrête de temps à autres quand les temps sont un peu trop tendus, mais sans plus, bien sûr. Comment se passer de l'adrénaline qui coule dans ses veines tous les jours, à la manière dont on inspire son oxygène ?

Tout entre eux est parti de rien. Deux personnes sur le même chemin. Embarquée dans une de ses galères à lui, pour une fois qu'elle n'en avait pas, il l'a regardée et lui a suggéré, sans vraiment qu'elle ne soit en mesure de refuser. "J'ai besoin d'une couverture fais toi passer pour ma meuf, sois naturelle." Le rôle de sa vie, à Brásia. Si bien que pris au jeu, ils ne se sont jamais vraiment quittés par la suite.

Avec lui, elle a toujours été honnête. Ils ne se sont jamais rien cachés. Jusqu'à 2020, du moins. Pressée par l'inquiétude de son adolescente qui la voyait toujours fatiguée, la jeune trentenaire s'est rendue chez le docteur. Le verdict tombe et le traitement qu'elle prend pour se soigner, en plus des symptômes qui vont dans ce sens, la font tomber en dépression. Seule Camila remarque la différence dans le comportement de sa mère, au tout début. Et puis elle la pousse à aller se ressourcer ailleurs. Brásia refuse d'abord. Mais, après une quasi overdose d'anxiolytiques, elle profite de l'absence de celui avec qui elle partage sa vie depuis désormais plusieurs années pour préparer son sac. Son départ ? Un message d'au revoir à peine expliqué et un secret partagé avec Camila qui, elle, est restée à Londres chez son beau-père.

Brásia part six mois à Cuba auprès des sources de sa famille, alors pourtant que tous semblent avoir déserté, raison pour laquelle par le passé ses parents ont recueilli Luz.  Non seulement elle est là pour surmonter sa dépression mais aussi suivre un essai clinique à Miami, voyageant entre l'un et l'autre, se reposant le reste du temps. Au bout de six mois, sa santé s'est très fortement améliorée et elle décide de revenir du côté de la Manche. Son objectif n'est pas de reprendre sa vie où elle l'a laissée ni de se faire pardonner d'avoir disparu ainsi. Non, elle entend vivre sa vie tranquillement, là où elle a toujours aimé vivre, puisque le Portugal ne lui permet pas d'avoir les soins dont elle a besoin.