La semaine s'achevait, emportant avec elle la remise d’un gros travail d’université pour le cours de développement d’une entreprise. Amalya avait passé beaucoup de temps le nez dans ses livres dans les derniers jours pour que tout soit parfait. Entre son boulot chez Sephora pour lequelle elle avait fait quelques heures supplémentaires pour se permettre de payer ses factures ainsi que les heures de cours en présentiel à l’école, elle n’avait pas vraiment dormi. Elle avait augmenté sa consommation de psychostimulant et avait essayé de survivre. Lorsque ses copines de cours lui avaient demandé si elle voulait les accompagner en boîte ce soir-là, elle vit l’occasion de laisser tomber la pression qu’elle s’était mise sur les épaules et de s’amuser ainsi que de ramener un mec dans son lit. Pendant l’heure qu’elle avait de libre entre ses deux cours de l’après-midi, elle se dirigea vers la pharmacie qu’elle avait l’habitude de côtoyer. Elle se dirigea dans l’allée des condoms pour en attraper une boîte. Elle avait beau avoir une vie sexuelle bien active, elle ne tenait pas à tomber enceinte à 22 ans et encore moins à attraper une maladie. Elle était en direction de l’allée des médicaments contre les maux de tête lorsqu’elle vit au loin une silhouette qu’elle connaissait beaucoup trop : Olive. Son coeur se mit à battre un peu plus rapidement. Maly avait mit un point d’honneur et ne pas parler à son aîné depuis qu’elle avait entré Julian dans un établissement pour faire une cure de désintoxication. Elle savait que son frère en avait besoin, mais elle avait aussi besoin de son frère et elle avait eu l’impression de perdre ses repères lorsqu’il est entré dans cet endroit. C’était de lui qu’elle était le plus proche dans sa famille et il avait fallu qu’elle se débrouille complètement seule. Elle savait que c’était pour son bien et qu’Olive ne méritait pas son jugement et sa colère, mais elle n’avait pu contenir ses émotions. Elle avait deux options : se retourner et quitter sans lui parler ou essayer d’enterrer la hache de guerre et aller lui demander de ses nouvelles. Bien que Maly était têtue, Olive était sa soeur. Elle se décida à s’approcher et aller la voir. ”Amalya.” La froideur dans la voix de son aîné lui fit plus mal que ce qu’elle pensait. Leurs relations n’étaient pas des plus chaleureuses avant qu’Amalya décide de bouder sa soeur, mais elle se rendit compte de l’ampleur du fossé qui s’était creusé entre eux. ”Olive. Co…comment vas-tu ?” Elle avait bégayé et elle s’en voulait. Elle détestait perdre ses moyens. C’était d’ailleurs une des raisons pour lesquelles elle n’entretenait pas une relation forte avec sa famille : parce qu’ils étaient les seuls à être capable de lui faire perdre contrôle d’elle-même. À ce moment-même, elle regrettait de ne pas avoir tourné les talons.

Amalya aurait aimé être capable de passer à côté d’Olive sans lui parler, pour continuer de lui montrer qu’elle n’était pas d’accord avec ce qu’elle avait fait à Julian. Son grand frère était celui à qui elle faisait le plus confiance, c’était son pilier et même s’il buvait un peu trop, elle s’était sentie encore une fois abandonnée, forcée à s’organiser seule. C’était le seul qui ne l’avait pas laissé seule une fois dans sa vie. Même Olive qui avait remplacé sa mère après le décès de Mila était partie à Stockholm un jour, la laissant encore une fois seule. Par contre, lorsqu’elle se trouvait face à sa fratrie, ses grands principes et sa détermination à leur tenir tête fondaient comme neige au soleil. ”Parce que ça t'intéresse vraiment ?” Sa réponse la refroidit un peu. Elle savait que son attitude avait blessé sa soeur, mais elle avait besoin de faire comprendre son désaccord avec le choix de forcer Julian à aller en désintoxication. Et depuis qu’elle était adolescente, la manière d’exprimer ce désaccord était de se rebeller. Cette fois ne faisait pas exception même si elle avait maintenant vingt-deux ans. ”Je mets de l’eau dans mon vin là, mais je peux passer mon chemin si c’est ce que tu veux.” Elle n’avait pas été sèche et elle serait quand même blessée qu’Olive décide de quitter sans plus de cérémonie. Elle n’était toutefois pas du genre à ne pas répondre à ce genre de réplique qu’elle percevait rapidement comme une pique même si elle connaissait assez sa soeur pour savoir que ce n’était pas nécessairement le cas. ”Ça va, et toi... ? Qu'est-ce que tu fais là ?” Une autre personne aurait pu être gêné de dévoiler la raison de sa présence à la pharmacie, mais Maly n’en avait rien à faire. Ça faisait bien longtemps qu’elle avait décidé que la sexualité n’était pas un sujet tabou chez elle. ”Ça va occuper, l’université fini bientôt, mais ça va.” Elle montra la boîte de condom qu’elle avait dans les mains. ”J’sors avec des copines ce soir. J’voulais être préparée au cas.” Elle replaça son sac à main sur son épaule. ”Ne t’inquiète pas, je bois pas vraiment.” Elle prenait bien un verre ou deux, mais s’assure toujours que ne ressentir qu’un léger effet et non pas de se retrouver soûle. Elle savait trop bien les dommages que ça pouvait faire. ”Et toi, que fais tu ici ?